Mondial moquette chez les parallélépipèdes rectangles

Enfin ! J’ai enfin fini de lire la trilogie de Philip Pullman : A la Croisée des Mondes. Ca n’a pas été de tout repos.


En effet, passée la déception du tome 2 qui glissait de manière flagrante vers un thème qui était loin de me plaire, je me suis tout de même dit que je n’avais pas fait tout ce chemin pour rien. De fait, c’est avec un peu d’appréhension que j’ai tourné les premières pages du tome 3. Les dernières ayant basculé cette nuit, je réalise que l’engouement des tout premiers chapitres a complètement disparu.


Pullman s’est fait gentiment plaisir en développant ses différents mondes, jusqu’à partir dans des contrées qui sentent bon la moquette anti-acarien. Encore maintenant, je ne parviens toujours pas à me faire une image concrète de ce à quoi ressemblent les mulefas. Pour tout vous dire, à la fin du récit, ce n’étaient plus que des têtes avec une trompe et quelque part en arrière, les cosses roulant sous leur corps. Difficile à ce moment-là de plonger totalement dans les péripéties de Mary Malone chez les losanges à roulette.


Si encore, il n’y avait que ça. Sauf que Pullman développe dans ce troisième acte ses personnages de manière anarchique. Lord Asriel, qui n’était jusque là qu’un explorateur prêt à tout pour ouvrir un passage entre les mondes, finit maître de guerre en haut d’une tour démesurée (monsieur aurait-il quelque complexe ?), entouré de créatures minuscules sorties de nulle part (les Gallivespiens) et d’hélicoptères, tous issus de mondes différents de celui d’Asriel lui-même (l’alliance est un peu trop rapide à mon goût, pour des peuples qui ne se connaissaient pas quelques jours avant).


Mme Coulter devient une mère poule très particulière, justifiant ses actes par un amour maternel auquel on ne croit pas une seule seconde au vu de son comportement dans les tomes précédents. D’ailleurs, elle bascule tellement d’un extrême à l’autre qu’au final, même si Pullman écrit qu’elle est sincère, le lecteur demeure sceptique.


Si on peut saisir le comportement de Mary Malone (c’est une scientifique, la curiosité est sa seconde nature), celui des sorcières me paraît un peu plus aberrant (abattre un homme sous les yeux d’un gamin, juste parce qu’il a refusé nos avances dix ans plus tôt, c’est de la rancune où je ne m’y connais pas).


Heureusement, Lyra et Will poursuivent leurs aventures en se tenant au fil initial, ce qui n’est pas plus mal compte tenu du fait que ce sont les héros. Les deux n’en ont pas moins une résilience à toute épreuve. Malgré tout le sang que Will a perdu, il galope toujours autant de bout en bout de l’histoire. De même, avec trois grains de riz dans l’estomac, ils gravissent des montagnes et parviennent à marcher des jours entiers. Petits mais costauds.


De fait, malgré une qualité d’écriture toujours au top, Pullman ne réussit pas à me faire plonger intégralement dans son histoire. Entre l’omniprésence de son discours anti-religieux (j’en veux pour preuve ce moine qui voit des rivières d’or et de pierres précieuses en lieu et place du chaos désertique dans lequel il se trouve, tout simplement parce que c’est écrit dans les livres saints), les facilités scénaristiques, l’imaginaire excessivement délirant et les incohérences de ses personnages, j’ai trouvé que le récit traînait en longueur, rendant ma lecture plutôt pénible. Au final, même les passages les plus épiques – comme la bataille aérienne entre les zeppelins de l’Eglise et les gyroptères d’Asriel – m’ont paru grandguignolesques. Ca n’aurait pas dû être le cas pourtant.


En résumé, malheureusement, cette trilogie est une déception. Il y a de très bonnes idées, le principe même des mondes parallèles accessibles d’un coup de couteau (qui n’est pas sans conséquence) est génial, mais l’histoire est tellement parasitée d’éléments qui n’ont soit, rien à faire dans un texte pour enfants ou adolescents, soit, pas l’aboutissement nécessaire à faire de ces livres un projet qui tient la rampe, que je ne peux décemment pas mettre la moyenne à cette conclusion. Seul le premier tome mérite qu’on y jette un œil même s’il est indissociable des deux autres.

NicodemusLily
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le 14 mars 2015

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