Je n'ai lu que le premier tome. Alors ok, c'est bien un classique connu et reconnu... Probable qu'à son époque, le roman était audacieux par ses concepts, par les dimensions de l'univers et les enjeux de l'intrigue, qui auraient flatté le sense of wonder de n'importe quel amateur de science-fiction d'avant 2000. Mais il pèche par plusieurs aspects.



  • (cette liste n'est pas hiérarchisée, mais il faut bien commencer quelque part) : le côté pulp. Les moments intenses du roman sont des passages d'action, de violence. Alors que la véritable intrigue est délivrée par infodumps, pas par la réflexion du protagoniste mais par des révélations délivrées à des moments différents du roman. La fin est juste abjecte à ce point de vue. Mais globalement l'écriture est fade. Farmer sait raconter, mais beaucoup de dialogues sont de la narration rapportée assez invraisemblable (on se demande comment celui qui raconte a pu voir tout ce qu'il a vu et pourquoi il s'exprime avec autant de détails). Bref, pulp.


  • Extension du point précédent : les ficelles sont grosses. On tombe vraiment dans les tropes classiques du film d'aventures et de survie.


  • Le protagoniste est Richard Francis Burton, officier militaire, escrimeur, explorateur, écrivain et poète, traducteur, linguiste, orientaliste, maître soufi, ethnologue, diplomate et expérimentateur passionné de la plupart des perversions humaines (pour citer Wikipedia, et j'ajouterais ce qui suit), meneur d'hommes, preneur de femmes, bref archétype du mâle alpha dans toute sa puissance qui en plus d'avoir les expériences de sa vie vécue, possède le corps de ses vingt-cinq ans. L'auteur étale le sexisme du personnage au couteau à beurre sur la tartine de sa narration, certes un peu timidement puisque Burton essuie des échecs sociaux pour cause de décalages culturels, mais on se rend compte peu à peu que c'est l'auteur qui est sexiste """(on le voit quand Alice, libérée de l'esclavage, tombe enfin dans les bras du Mec alors qu'elle s'était toujours refusée à lui).""" On peut pardonner cela à Farmer (et à Burton), son époque étant ce qu'elle est. Malheureusement cela fait tout un pan du bouquin qui est lui aussi insipide.


  • Certaines incohérences/invraisemblances. On n'est pas dans la hard SF et le roman est vieux, mais quand même... Il y a eu des hommes primitifs pendant des milliers d'années, leur population devrait écraser celle des hommes modernes. Leur nombre était petit mais ils ont été là très très longtemps. Frigate connaît 30 langages et tous les fossiles humains mais il est écrivain. La narration mentionne le soulagement des hommes face à l'absence d'animaux et quelques pages plus loin, on explique comment pêcher les gros poissons.



Après ça... Il ne reste pas grand-chose. Il faut le lire avec un intérêt pour l'histoire de la SF. On peut accorder à l'auteur, toutes choses égales par ailleurs, une oeuvre de qualité sur le plan d'un message politique qu'on pourrait résumer en "contre l'antisémitisme, et pour le cannabis mais contre les drogues en général" (lol).


Je mets un 2. Il y a beaucoup d'autres sagas de la SF du XXe siècle qui méritent d'être lues avant ça, comme Fondation ou Rendez-vous avec Rama par exemple.

MatthusGougeus
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le 3 avr. 2020

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Matthus Gougeus

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