« C'est le jour 1 » (air connu)

Le Nom du vent est le genre de lecture que j’aurai aimé aimer davantage. Les avis lus ici et là m’ont donné une telle hype que j’étais sans doute condamné à être déçu. Je vais commencer par le négatif et comme ça je terminerai par ce qui est bien. Parce que j’ai l’impression que je donne l’impression que ce livre est bof alors que non, loin de là. Bref, après cette superbe introduction rentrons dans le vif du sujet.

Rapidement, Le Nom du vent est construit de deux récits enchâssés. Le récit cadre écrit à la P3 nous présente Kvothe adulte qui raconte sa vie, pendant trois jours avec donc un jour par tome, (le récit enchâssé) à la P1 et ce sera ça le gros du roman. C’est bien parce que ça permet d’avoir, à travers la narration a posteri de Kvothe, un regard avec un petit peu de hauteur et en même temps de se poser la question la fiabilité du narrateur même s’il jure de ne dire que la vérité. Et si après les premiers chapitres où l’on nous présente quelques légendes sur le personnage histoire de piquer notre curiosité, la vie de l’intéressé se lit avec intérêt (le quotidien de la troupe puis dans les rues de la ville) dès la seconde moitié du roman le rythme change et un ennui poli s’installe. Une fois Kvothe arrivé à l’Université l’intrigue devient répétitive : problèmes d’argent, altercation avec Ambrose (die bitch), passage sous le Joug. Cette moitié du roman est aussi frustrante puisque régulièrement les (trop nombreux) chapitres se termine sur Kvothe qui nous spoil carrément la suite avec des phrases comme « Je pensais Ambrose inoffensif, j’avais tort. » Et ce sera comme ça jusqu’à cette conclusion un peu trop anti climatique à mon gout (Kvothe a enfin accès aux Archives) où l’aubergiste se contente d’un « c’est tout pour aujourd’hui, à demain. »

Heureusement pour contrebalancer tout ça – et aider à tout ce temps à l’Université – il y a plein de trucs biens dans Le Nom du vent. Kvothe d’abord, même si son côté je-sais-tout peut agacer ou sembler cheaté, est un personnage assez jubilatoire à lire car, grâce à son éducation et parce qu’il est surdoué, voit (le plus souvent) plus loin que le bout de son nez (pensez Tyrion Lannister ou Francis Underwood, en moins salaud). Mais Kvothe est aussi un acteur et musicien qui a le gout des belles choses et c’est un plaisir de le lire parler des représentations de ses parents ou des siennes ou de lire ses commentaires sur la musique et les instruments. Et ça me rappelle Benvenuto de Gagner la guerre, ce qui est toujours une bonne chose. Ensuite il y a Denna, personnage insaisissable qui va et qui vient dans la seconde moitié du roman et dont la présence ajoute un sel plus que bienvenu. Il y a aussi ce système de magie sympathique (même si en vrai j’ai pas tout compris) et le mystère des Chandrians (Quel est leur plan ? Quel est leur plan ? / Chandrians, Chandrians.) qui sert de fils rouge et de motivation à l’intrigue de Kvothe et dont j’ai hâte de voir la résolution.

Au bout du compte, Le Nom du vent est un livre sans doute un peu trop long et même si on s’ennuie un peu dans sa seconde moitié, ses personnages et son univers en valent largement la peine.