Le Parfum
7.8
Le Parfum

livre de Patrick Süskind (1985)

Le parfum de Patrick suskind est le genre de livre sur lequel on ne peut faire l’impasse, si on s’intéresse un minimum à la littérature, et qu’on passe des heures à essayer de rattraper le temps perdu en fouinant de ça et là des listes toutes faites de bon livre à découvrir. Il est le genre de bouquin qui est posté sur tous les fronts, et pour beaucoup fait office d’incontournable.
En le voyant prendre la poussière chez mon pote, je n’ai pas pu résister , je me devais de combler cette lacune…J’ai été attiré au premier coup d’œil par la silhouette lascive d’Antiope qui figure en couverture de l’édition de poche, et par cette cocasserie de Bernard Pivot en quatrième de couverture, j’ai donc plongé la tête la première…
Dés la première bouffé, l’auteur d’origine allemande, nous renvoi dans la France agité du XVIIIe, période qui est la pierre angulaire de l’idéal révolutionnaire, qui continue toujours ,de nourrir les fantasmes à l’international, tout comme en France en temoigne chaque années, le fantasme du jeune lycée révolté s’imaginant quelques heures habité par l’esprit d’un député de la constituante, bloquant les grilles du lycée avec le sentiment d’accomplir un devoir civique, tout en n’étant par contre le fait de sécher l’heure de physique chimie de lundi 8h de Mme.Crapaillou…
Cliché,je sais, car effectivement il est question de cliché dans ce bouquin …On peut pas dire que l’auteur ait tout fait pour nous les eviter,le personnage de Jean baptiste se retrouve affublé,d’une manière pas tout à fait fortuite du nom de Grenouille…n’y voyait pas dans cette remarque un heurt à un quelconque sentiment patriotique exarcerbé ,mais cette remarque par d’un constat simple : à part dans d’obscur manuel de cuisine de fermier du Larzac ou dans un boui boui tenu par des restaurateur chinois peu scrupuleux ,autrement dis soit par goût de l’aventure ou soit par exotisme,il y’a peu de chance à travers l’hexagone qu’une cuisse de grenouille croise le chemin de votre assiette…
Ce détail témoigne de toute la difficulté du romancier étranger ,qui souhaite faire prendre racine à son récit dans une culture qui lui est étrangère, difficulté d’autant plus corsée quand l’époque en question est révolu .L’écriture de ce genre de roman se transforme en un chemin de croix sinueux, ou il est peu aisé de slalomé entre les stéréo types diffusé à outrance à l’encontre de certaines nations, ou civilisations.
Ce qui fait que le recit perds rapidement pied,ce manque de profondeur est indubitablement l’un des gros point noir du roman,on sent que l’auteur s’est renseigné sur le contexte de l’epoque( un exemple concret avec le parfumeur Baldini notable obscurantiste refutant tout l’idéal progressiste et liberal amené par les philosophes des lumières et bien attaché au prestige et aux acquit du corporationisme,ou encore avec l’arbitraire et la théâtralisation de la justice du 18e à travers le procès de Jean Baptiste) le traitement social et contextuel est bien trop scolaire, mais comme tout parfum l’artifice ne dure pas.
Un défaut qui aurait pu être rattrapé par une intrigue haletante ou des personnages marquant, et là encore malheureusement le bât blesse.
On suit cette anti hero de l’enfance jusqu’a sa mise à mort,mort qui tient plus du risible que du mystique malgré la volonté de Patrick de canonifier Jean Baptiste à travers les paluches de quelques brigand rencontrer autour d’un barbecue nocturne...Le personnage central est volontairement fade, indifférent à tout, qui se fond dans la masse pour servir ses noirs desseins. Que le héros soit insensible, froid cela va de soit, que le reste des personnages du livre tiennent de l’insipide cela soulève un plus gros problème …Car en effet l’auteur arrive à rendre les personnages croisé sur le chemin du tueur au parfum, aussi fade qu’une eau de toilette de grande surface.
Pour la présentation des autres figure du roman, on à juste le droit à une légère « contextualisation », et à une rapide rétrospective sur quelques paragraphes, mais on dénote un dénuement flagrant de toute psychologie particulière des personnages rencontré au fil des pages.
Tout est prétexte à la mise en exergue du caractère détaché du personnage et la mis en place de son projet de dématérialisation du parfum que dégagent les objets organique ou non qui entourent Jean Baptiste, mise en exergue qui concoure à un emboitement de l’intrigue de manière quasi mécanique, qui tient plus du jeu de lego que du travail d’orfèvre.
Un livre qui dégage un parfum d’inachevé, dès la première page le lecteur est surpris par la virtuosité avec laquelle l’auteur à travers son personnage depeint les situations et les lieux qu’a travers le prisme de l’odorat. Une fois le livre refermé on perçoit le monde qui nous entourent d’une façon différente, l’odorat est peut-être aujourd’hui l’un des sens que l’on utilise le moins de notre propre chef, pour stimuler notre cerveau.
Après 247 pages, j’ai l’amer sentiment que Patrick Süskind s’est contenté de nous offrir qu’un échantillon gratis.
Néanmoins les défaut sus-cités n’empêche pas vraiment l’œuvre de décoller, ce bouquin aurait pu tenir du génie mais ces quelques ombres au tableau nous font passer à coté de ce qui aurait pu être un pièce maitresse, une œuvre majeure de la littérature contemporaine.
AZ-
6
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le 16 avr. 2013

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