Ce récit de S Chalandon arrive en boomerang sur un feu mortifère. Remue les cendres de la fin du vingtième siècle, le plus sanglant de l'histoire occidentale, et l'on craint pour le suivant à peine amorcé...
Ces braises du traumatisme dont l'emprise ne pourra pas cesser, puisque le brasier n'a jamais été aussi incandescent...
Les lycéens ne s'y sont pas trompés (Goncourt 2013), c'est un livre bouleversant, affûté, sobrement écrit, que l'on sent être issu d'une expérience vécue ( L'auteur est ancien reporter de guerre pour libération, prix Albert Londres en 1988).
On est sur le double théâtre d'Antigone (version revisitée par Anouilh en 1944) et la guerre civile au Liban (1982-83), avec un déploiement interprétatif autour de la thématique du drame mythologique, finement livré par l'auteur.
Le metteur en scène, un Grec juif rescapé des camps de concentration, sera soutenu et relayé par un français soixante-huitard (le héros trentenaire idéaliste ) qui tentera de monter la pièce dans ce Beyrouth en guerre. Cette volonté insensée de rassembler les protagonistes présents sur le champ du conflit, du Druze, aux chites, chrétiens maronites, sunnites palestiniens avant de se heurter à une certaine issue que l'on aimerait oublier, tant elle est cruelle, montre combien l'art est fort.
Voler deux heures à la guerre!
La trêve poétique est dans nos tête, le quatrième mur, c'est le public, c'est nous.
Merci à Sorj Chalandon!