Il y a des livres qu'il me faut critiquer à chaud pour ne rien oublier de ce que je veux dire et d'autres pour lesquels je dois prendre mon temps pour ne pas verser dans le ressenti. "Le Sermon sur la chute de Rome" fait partie de cette seconde catégorie, si je l'avais critiqué juste après avoir terminé l'ultime page je lui aurais mis 2/10 en insultant l’intelligentsia-rive-gauche parisienne et en pleurant sur mes 18 euros. J'ai pris mon temps pour repenser au livre et dépassionner mon propos. Je ne garantis pas que du fiel ne coule pas par inadvertance ici ou là.

Faisant plutôt parti des immatures qui lisent de la science-fiction et du fantastique que des lecteurs de Littérature vraie, je m'intéresse rarement aux prix littéraires autres que Hugo, Nebula et compagnie. Et puis cette année en partie à cause du matraquage médiatique habituel et surtout à cause de mes éclaireurs ici même, j'ai eu envie de lire ce Goncourt 2012. Le synopsis faisant plutôt envie, j'attendais beaucoup mine de rien de la lecture de ce roman.

Dommage que je ne l'ai pas sous la main au moment d'écrire cette critique mais j'aurai adoré citer les chefs-d’œuvre de masturbation des éditeurs en quatrième de couverture, cela m'avait déjà gonflé avant de lire le livre ça m'horripile d'autant plus après. Parce qu'on se congratule à pleines bouches d'avoir déniché un auteur au style incroyable et puissant. Très honnêtement le style est chiadé mais la construction avec le moins de ponctuation possible fait que ce bouquin a été une vraie plaie à lire pour moi. Pendant tout le début (heureusement son style est tellement pesant et alambiqué que l'auteur s'y attache de moins en moins au cours du roman) j'ai dû relire les fameuses phrases qui prennent une demi-page pour savoir: de quoi on parlait déjà ?

Évacuée la question de l'écriture, de quoi qu'il parle ce livre au fait ? Plutôt que de découvrir deux jeunes amis qui reprennent un bar en Corse pour refaire le monde, pour en faire un idéal, une utopie de vie qui fait ressurgir les tréfonds de l'âme humaine (ok ce n'est pas mot pour mot la quatrième de couverture mais ça se rapproche de ce qu'en ont rapporté les critiques littéraires), on assiste au naufrage de personnages insipides aux destins minables. Et c'est dommage car le propos du livre m'intéresse, la fin d'un monde et la reconstruction d'un autre. De plus certaines tournures sont très belles et sont les preuves d'un réel talent de l'auteur (voilà que je m'emballe). Mais un parisianisme outrancier suinte tellement des deux protagonistes principaux jusqu'à la nausée que j'ai rêvé qu'un Corse bourru les confonde avec des sangliers et termine le livre au plus vite.

Les deux seuls personnages dignes d'intérêt sont la sœur, qui essaie tant bien que mal d'échapper à ce destin familial merdique et surtout le grand-père. Ah le grand-père ! Si tout le récit s'était réellement centré sur lui j'aurai pu mettre un mouchoir sur ma déception due au style. On aurait eu ni besoin des deux idiots ni besoin de la Corse ou des gens qui gravitent pour faire un récit passionnant. Je vous inflige un autre exemple, avec toutes mes excuses, à quoi sert le père à part nous montrer que son fils est un con ? À rien, et on n’avait pas besoin de lui pour s'en apercevoir.

Je vais mettre une mauvaise note c'est évident, mais j'ai du mal à croire qu'autant d'estimables personnes puissent se tromper. Quand lire un livre n'est plus un plaisir, c'est qu'il n'est pas pour moi: 4/10
Nanash
4
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le 3 déc. 2012

Modifiée

le 17 déc. 2012

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Nanash

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