Silence et splendeur

“ Pour sentir pleinement le charme de Versailles, il faut s’y attarder le soir, à l’heure où les façades encore chaudes retiennent les derniers rayons du jour. Avant de laisser la brume l'envelopper, le palais désert se grise de son plus subtil enchantement, tout y est silence et splendeur. ”

                                                                                         Pierre Gaxotte
                                                                                  Le siècle de Louis XV

Le siècle de louis XV semble condamné à n’être jamais apprécié pour lui-même et qu’un prisme vienne toujours déformer la vision que nous pourrions en avoir. Qu’on le regarde, en effet, à travers celui des standards et des accomplissements de la république qui lui a succédé ou bien celui, au contraire, des édifications et des gloires des règnes illustres qui l’ont précédé. Il ne semble devoir rester au sein de la mémoire collective que comme un vulgaire siècle de transition entre l’ancien et le nouveau monde, un siècle bâtard à la fois libérale et royal, catholique et philosophe, ingénieux et réservé …

De la mort de Louis XIV à celle de Louis XV en passant par la régence de Philippe d'Orléans, les guerres de successions d'Espagne et celles des colonies… Gaxotte nous montre les différentes phases ainsi que différents événements de ce règne ambigu.

C’est aussi au travers des grandes personnalités de cette époque qu’il illustre les mœurs et les tensions d’un pays en proie a de grands changements. Avec le portrait des Louis XV au premier plan, bien sur, mais aussi ceux de voltaire, de du Barry, de la Pompadour, de Dupleix, de Law … Il peint une société agitée tant par l'émergence des nouvelles philosophies morales et politiques que par des phénomènes de politique extérieur(l'ascension de l'Angleterre par exemple) et par les grands changements économiques et financiers qui sont en train de la transformer.

Dans les portraits qu’il dresse comme dans les jugements qu’il assène on ne peut pas ne pas remarquer l’engagement politique, “contre-révolutionnaire” et monarchiste, de Pierre Gaxotte. Les panégyriques auxquels il se livre sur le système d’intendance monarchique ainsi que sur la diplomatie française et son rayonnement européen son parfois si excessif qu’on finit par se demander si les révolutionnaires de 1789 ont vraiment vécus sous un tel régime…

Cette partialité importe peu, au fond, quant au jugement que l’on peut porter sur l'œuvre, en premier lieu parcequ’elle est inévitable et en second lieu parcequ’elle est évidente. Très étayée et érudite elle permet de nous sortir un peu du discours généralement admis et partagé et nous donne des angles de réflexions nouveaux sur de nombreux sujets historiques, politiques et philosophiques.

Sans égaler celui de Proust ou d'Hugo le talent d’écrivain de Gaxotte donne au tout une esthétique intéressante qui rend la lecture agréable sur des sujets parfois arides. Ce qui est … Appréciable.