Après le livre de Trierweiler que je n'ai pas lu, voici un autre "succès" d'édition, un livre qui, à cause la censure de la dictature socialiste bien-pensante, n'a pas pu avoir une promotion sur tous les plateaux télé. Pauvre Zemmour, privé de sa sacro-sainte liberté d'expression. Et pourtant, il est libre, Zemmour. Libre de dire de la merde et de l'étaler sur tout un bouquin bien nauséeux.

Déjà, le monsieur veut nous révéler pourquoi tout va si mal dans notre chère France, en remontant sur les quarante dernières années, et plus, de temps à autres. Même s'il arrête avant 2007 et le quinquennat de Sarkozy pour les détails. Déjà, tout part de Mai 68, même si le bouquin commence en 1970. De là, il peut extrapoler sur des événements anodins (Hélène et les Garçons, sérieusement ?) ou plus importants, comme la Coupe du Monde '98, et en sortir des conclusions stupides. Exemple ? Tiens, l'élection en mars 2001 de Bertrand Delanoë, qu'il lie à la Manif pour Tous et aux Bonnets Rouges en 2013. Avec Zemmour, même une chanson de Nino Ferrer peut avoir pour conséquence historique indirecte le mariage entre couple de même genre. C'est dire l'obsession qu'a Zemmour pour le sujet.

Et c'est ce que l'on remarque rapidement en lisant ce truc. Zemmour a de nombreuses fixations : les féministes qui émasculent les hommes (si seulement !), le tout-puissant lobby gay (si seulement...) et les méchants arabes qui volent le boulot et les allocations des gentils français. Brrr, ça fait peur. Le tout sur 500 pages et des brouettes, au milieu de blabla insipides sur des décisions économiques et/ou politiques à l'importance variable.

Exemple : dans l'idéologie zemmourienne, les féministes sont des suppôts vendues au Capitalisme. Ainsi, en réclamant le droit de vote, le travail et un salaire, elles se sont émancipées de leur mari, mais, surtout, elles sont devenues des consommatrices perpétuant le système. Pour Zemmour, le temps où le brave homme revenait du travail et reversait de l'argent de poche à sa petite femme était la belle époque. Depuis, c'est de pire en pire.

Et c'est pareil pour tout. Les antiracistes (ex : Touche pas à mon pote) sont responsables du racisme. Les assos LGBT sont responsables de l'homophobie et les féministes sont responsables de la misogynie. Pour Zemmour, tout cela, c'est un complot, de la manipulation; c'est de la victimisation.

Il évoque plusieurs fois la "théorie du genre", qui, selon lui et l'extrême-droite française, chercherait à indifférencier les hommes et les femmes pour les transformer en des êtres androgynes et interchangeables, tout cela sous couvert de féminisme et d'égalité (qui devient égalitarisme sous sa plume, parce que les mots en "-isme" font peur). Du LOL en barre. Je ne sais pas ce qu'il fume, le monsieur, mais je n'en veux pas, non merci.

Le mariage entre personnes de même genre ? Une parodie funeste. Les violences conjugales ? "Des complexités de la vie intime". Quoi, ils et elles n'ont pas la liberté de vivre leurs vies comme ils et elles le devraient (ou le pourraient) ? Ben tant pis pour leur gueule ! Merci Zemmour, on a compris le truc. On adore quand un homme blanc cis hétéro nous explique la vie du haut de ses privilèges (même si, selon lui, les personnes entrant dans ces catégories sont justement ce que l'égalitarisme chercherait à détruire). Par ailleurs, en parlant de "liberté". Pour Zemmour, les revendications féministes/antiracistes/LGBT sont des réclamations libertaires (le mot revient à chaque fois qu'il évoque l'un de ces trois sujets) et totalitaires (idem).

A travers son étron fumant masqué sous la forme d'un banal livre, Zemmour réclame la liberté d'être un misogyne raciste et homophobe. Cela tombe bien, personne ne l'en empêche. Mais il serait bien avisé de fermer sa gueule.
Kazoo
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le 18 oct. 2014

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