Vénus. Ses nuages éthérés, son panorama vertigineux, sa pression atmosphérique infernale, ses cité volantes. Les lieux pourraient inspirer la mélancolie. Ils sont juste l’enjeu d’une lutte feutrée, au moins aussi létale que la température au niveau du sol de la planète.


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Invités par le satrape local pour y faire montre de leur expertise en matière de terraformation, David Tinkerman et le Dr Léa Hamakawa arrivent sur Hypatie, l’une des cités contribuant à la réputation de Vénus. En sa qualité d’homme le plus riche du système solaire, Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum suscite en effet les convoitises, d’autant plus qu’il a 21 ans (12 ans en temps terrestre), âge requis pour un haut-mariage. De quoi provoquer quelques remous dans la société vénusienne.


Lecture d’images et d’idées, la science-fiction n’est jamais meilleure que lorsqu’elle conjugue ces deux enjeux. Geoffrey A. Landis convoque ses connaissances scientifiques pour projeter une nébuleuse de cités volantes au milieu des nuages acides de l’astre sœur de la Terre. À l’altitude idéale pour coloniser la planète, elles flottent entre la pression mortelle de la surface et l’espace hostile, donnant vie à une société originale, notamment en matière matrimoniale. Car voilà bien la grande trouvaille du récit, ce système matrimonial où les différents époux tressent leur union sur la longue durée, le plus âgé partageant son expérience avec le plus jeune, avant que celui-ci ne fasse la même chose avec un conjoint plus jeune.


Hélas, le récit pèche par ses personnages au moins aussi peu consistants que les nuages de Vénus, en particulier David, narrateur de ce séjour empreint de mystère et de sense of wonder. Amoureux du Dr Hamakawa, sans que ses sentiments ne soient partagés par la séduisante femme, il se contente d’accompagner le mouvement, témoin des luttes qui se livrent en coulisse autour de la fortune de Carlos Fernando. Un bien piètre rôle lui permettant de découvrir une société où le sexe, la famille et l’amour ne sont que les variables d’ajustement d’un monde des affaires impitoyables.


Bref, sans être complètement bouleversant, Le Sultan des nuages se révèle une lecture dépaysante qui n’est pas sans rappeler James Patrick Kelly, même si l’on peut regretter sa brièveté et la faiblesse du traitement des personnages.

leleul
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le 15 avr. 2018

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