Le Talon de fer
7.6
Le Talon de fer

livre de Jack London (1908)

Le talon de fer, anticipation révolutionnaire ? Pas tout à fait.

La chronique de ce livre fait partie des objectifs lectures que je m’étais fixés pour le premier trimestre 2017, au mois de février deux dystopies, dont celle-ci.


Ces objectifs me permettent de réduire ma PAL et de ne pas me laisser emporter par la déferlante de nouveautés.


« Le talon de fer » a été publié aux États-Unis en 1908 et a fait l’objet d’une première édition en France en 1923.


Le livre chroniqué est une réédition portée par les éditions Libretto, qui comprend une préface de Raymond Jean et une lettre de Léon Trotski adressé au fils de l’auteur, en guise de préambule.


Le livre étant désormais dans le domaine public, vous pouvez vous le procurer gratuitement en format numérique.


Je ne vais pas m’étaler sur la biographie de l’auteur, je vais me contenter de rappeler qu’il a effectué de multiples métiers/vies, qu’il connaissait donc le monde ouvrier et qu’il a été un fervent défenseur de la politique socialiste, adhérant du Socialist Labour Party, puis du parti socialiste américain Ce qui aux États-Unis n’est pas anodin.


Si vous voulez en savoir plus sur l’auteur, je vous conseille l’excellent documentaire d’Arte : Jack London, une aventure américaine.


Le talon de fer décrit l’émergence d’une puissance politique fasciste capitaliste portée par des oligarques, provoquée par une révolution socialiste de 1914 à 1918 (Les dates sont troublantes).


La lecture est ponctuée de renvoie en bas de pages, par des astérisques, ou un historien vivant sept siècles plus tard, commente le manuscrit (laissé par la femme du héro). J’ai trouvé ce procédé parfois intéressant, mais dans l’ensemble ça alourdi le texte. Il y en a un peu trop à mon goût.


Le récit débute avant le début de cette révolution. Un beau jour, Ernest Everhard un jeune homme fort, charismatique et révolutionnaire débarque dans la vie de la famille Cuningham, issue de la bourgeoisie.


Le père est universitaire et s’intéresse de près aux idées d’extrême gauche de ce militant. Sa fille (Avis), la narratrice du récit, est captivée par les discours de ce jeune homme et par sa stature. Elle deviendra plus tard Madame Everhard. Une des tirades du militant va la faire basculer dans son camp :


« Un jour, lui dit son futur mari, vous comprendrez que la robe que vous porte est tachée de sang, que vos aliments ont le goût du sang, que des poutres du toit qui vous abrite dégoutte du sang de jeunes enfants et d’hommes valides » (remplacez les poutres par smartphones, chaussures et nous sommes bon).


Leur histoire d’amour platonique et pudique sert de fil conducteur tout au long de l’histoire. Une romance simple et un peu désuète. Il est à noté, quand même, la place forte d’Avis Everhard, qui deviendra une rebelle de premier plan. Pour l’époque c’est plutôt novateur.


Le militantisme d’extrême gauche prend de l’ampleur. Des militants brisent des machines, des grèves se forment, la révolution gronde. Le prolétariat se soulève contre l’oligarchie.


Le père, la fille et certains proches s’engagent dans la lutte et suivent Ernest.


Mais les oligarques ne vont pas laisser faire, pas longtemps en tout cas. Ils manient habilement les médias et les mouvements politiques, pour au final écraser le peuple de son talon de fer.


La première partie du livre est un peu barbante. Le rythme est descriptif, Ernest balance à travers des discussions de salon les idées marxistes et socialistes.


La seconde partie est un peu plus intéressante et tient plus du roman, l’État fasciste est en place et la rébellion aussi. De l’aventure et des drames.


Au final, c’est un livre très engagé ou les idées socialistes et marxistes transpirent des pages (surtout dans la première partie). Mais ce n’est pas une bonne anticipation.


La vision du futur est beaucoup trop étriquée, ce n’est pas réellement une faute de l’auteur, mais le XXe siècle a tellement était complexe que l’histoire joue contre son récit. Complexe dans ce que fera le socialisme de ses révolutions et de ce que deviendra le capitalisme.


Il n’a pas la prétention de rivaliser avec 1984 d’Orwell ou bien Fahrenheit 451 de Bradbury, qui sont, pour leur part, des anticipations dans lesquelles les enjeux et les idées sont intemporels.


Quoi qu’il en soit, c’est un livre audacieux pour son époque qui mérite d’être lu si on s’intéresse à ce genre ou à son thème.


Je vous invite à venir lire la chronique complète sur mon Blog et biens d'autres.

r0ck
7
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le 19 févr. 2017

Critique lue 582 fois

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