Attention spoilers (uniquement de ce tome-ci)
Depuis son adaptation en série télévisée, on ne se doit plus de présenter l'univers du Trône de Fer (A Song of Ice and Fire). Ce premier tome est comme une introduction - même si de presque mille pages - à une oeuvre pharaonique. En effet, sur une bonne dizaine de familles et de régions existantes, l'auteur ne s'attarde que principalement sur la famille Stark et quelques repères géographiques (Port-Real, Winterfell, le Mur) qui subsisteront assez présents dans les autres tomes Ce n'est pas pour autant qu'il s'avère fastidieux à lire, bien au contraire. Ce sont les premiers contacts réussis d'une épopée que l'on sent qu'elle a encore tant à narrer.
Le prologue concerne Will, une recrue de la garde de Nuit. L'auteur ne nous ménage pas et l'on décèle dès ce chapitre une perfidie dont il fera souvent usage par la suite. Le personnage ne présente pas en soit grand intérêt, il n'est utile que par ce qu'il va vivre. Ainsi Martin frappe fort en amenant directement du fantastique par la présence des Autres et finir par un massacre des personnages alors que le lecteur tentait de se familiariser à eux, s'attendant à les accompagner tout le long du roman. L'événement est aussi utile car l'on aura tendance à oublier la présence de magies dans le récit, énormément de personnages accordent autant de foi aux maléfices que nous.
Eddard Stark (15 chapitres) est l'archétype du héros de fiction. Il est d'une probité de nonne (ou de septa), il possède un sens aigu de la justice, il est père de famille et il agit toujours en tentant d'être bon. Sommairement, un personnage que l'on ne peut que soutenir et apprécier rapidement. Il est d'autant plus jouissif de le voir maintenir sa bonne conduite dans le panier de crabes qu'est la cour du roi. Alors qu'une myriade d’intrigants complote contre le roi ou même contre lui, il avance aveuglément vers une mort certaine. Le lecteur averti ne s'inquiète pas, il sait bien évidemment qu'il reste deux cents pages et que d'autres romans suivront, il ne tardera pas à être absous de tout crime. Sauf que Joffrey a le pouvoir et l'auteur a envie de se débarrasser de notre héros bien-aimé car il doit bien créer une crise dans ce monde si paisible. Nous sommes alors pris à contre-courant et n'y croyons toujours pas avant d'avoir la confirmation de sa mort, parce qu'on croit qu'il va revenir, qu'on le supplie même.