"Le Vieil Homme et la Mer" a été une véritable expérience littéraire, une œuvre transcendante. Nous sommes loin des romans aux intrigues complexes : l'histoire est celle d'un vieil homme malchanceux, seul, parti pêcher dans le golfe. Je pourrais m'arrêter ici, car cette phrase résume assez bien les 150 pages d'Hemingway. Mais son œuvre est plus qu'un récit, il ne tente pas de raconter une histoire, il veut nous la faire vivre.
"Le Vieil Homme et la Mer" est simple, sobre, Hemingway décrit peu mais il décrit avec justesse. Les éléments essentiels de la toile sont dessinés et progressivement, le lecteur pose ses couleurs et rajoute des formes. Laissez-vous emporter et vous sentirez la solitude, le calme, l'immensité de la mer autours de vous. Chacun se constitue une image mentale de l'océan, du ciel, du temps qu'il fait, de la chaleur du sable sous nos pieds ou encore de la brise légère. Chacun ressent la mer à sa façon et pourtant, elle est tout à la fois.
L'aventure commence. Très vite, on éprouve une certaine tendresse pour Santiago, le vieux pêcheur. Et au fur et à mesure du récit, on devient en quelque sorte Manolin, ce jeune garçon qui partait pêcher avec lui, on prend sa place dans ce bateau, on comble son absence. Devenu un acteur invisible, une intimité se crée et à ce moment, sans qu'on s'en aperçoive, nous avons quitté notre véritable environnement pour nous retrouver sous le ciel de Cuba, au milieu de l'océan. Le lien qui nous unit à Santiago se renforce de plus en plus et lorsque le vieil homme engage le combat avec son adversaire, le lecteur est à la fois heureux et excité.
La lutte est longue et éprouvante, les deux ennemis s'épuisent et veulent sortir vainqueurs, l'un pour la survie, l'autre pour briser sa malédiction. C'est impuissant que nous regardons le vieil homme tenir la ligne, à bout de souffle, blessé aux mains et à l'épaule, délirant presque. L'homme affronte la Nature, terrible et sans pitié. Il est épuisé et souffrant pourtant sa volonté est tenace.
Finalement, force est de constater que celui qui en a le plus pâti n'est pas Santiago, qui lui est resté stoïque, mais moi... Je me suis senti impuissant.
La Nature peut être domptée, mais que pour un temps. J'ai fini par comprendre Santiago : l'essentiel réside dans l'affrontement.
On ne peut pas résumer "Le Vieil Homme et la Mer" ou bien le décrire, je n'en ai pas eu l'intention. Ce roman est une aventure propre à chacun, il nous transporte et nous atteint. Lisez "Le Vieil Homme et la Mer", non parce qu'il est connu, lisez-le parce qu'il vous apportera quelque chose.
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