Le Chevalier
7.4
Le Chevalier

livre de Gene Wolfe (2004)

Une lecture atypique et faussement simpliste. Finalement, un bonheur discret.

Alors "Le chevalier" de Gene Wolfe... Après une deuxième lecture, souvent souhaitable et récompensée chez cet auteur, j'y vois un peu plus clair.

Comme toujours chez Wolfe, si l'on s'attend à lire de la fantasy dite "classique" on expédie ou referme vite le livre avec un dubitatif : "Mais qu'est ce que c'est que ce truc ?"

Comme toujours chez Wolfe, on entre dans univers pour lequel il nous manque des clefs et pour lequel, particulièrement ici, on peut éprouver une impression de bâclé, d'inconsistante désinvolture.

Comme souvent chez Wolfe, le personnage principal peut apparaître à la limite de la bêtise, de l'idiotie douce. Cela peut énerver, cela énerve d'ailleurs parfois.

Et lorsqu'on assimile et digère les caractéristiques principales du style de Gene Wolfe, on découvre alors de vrais grands moments de lecture, à l'imaginaire poétique et à la simplicité merveilleuse.

Livre initiatique, du passage de l'enfance à l'âge adulte, du banal au magique. Livre qui nous supplie avec un brin d'insolence (qui exclut le côté : "je vous fais la morale") de ne pas oublier que l'ordinateur Mac et le championnat NBA (rares références au monde "réel" qu'a quitté Able) ne sont pas les seuls horizons ludiques possibles.

Eveil à la sensualité, à la sexualité et à l'amour, à la violence, à la souffrance et à la mort. A la responsabilité concernant l'autre, au respect de la différence voire de la faiblesse. "Le chevalier", sans avoir l'air d'y toucher, recelle de salutaires (bien que banales) leçons servies avec humanité et élégance.

Pour apprécier ce livre, il est nécessaire de s'y abandonner, de ne parfois pas le comprendre, de trouver tout cela bien léger voire futile.

Abandonner les références et les réflexes de classification que chaque lecteur opère plus ou moins consciemment à chaque livre lu. Gene Wolfe nous fait ce cadeau de nous pousser à lire avec une certaine innocence. Et si l'on accepte ce cadeau, qui demande un effort, la récompense ne tarde pas.
Shonagon
8
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Créée

le 27 juil. 2012

Modifiée

le 27 juil. 2012

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Shonagon

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