Ce livre est un recueil de nouvelles, j'ai choisi de vous en résumer celle-ci : La Botte.

Un jeune garçon de douze ans, Dern est réveillé par sa mère en grande précipitation, c'est décidé, aujourd'hui ils font leurs valises et s'en vont en Californie. Elle veut fuir son mari, non pas que ce soit un homme violent, mais il a des manies insupportables, comme suçoter un joint de robinet en métal. Le garçon n'ets pas mécontent de s'en aller, pour se faire respecter dans son école il est devenu un vrai petit délinquant et ne sait plus comment sortir de la spirale dans laquelle il est entré. Ils prennent la voiture familiale et partent avec une carte routière quelques valises et un peu d'argent. Ce sera le garçon qui fera le copilote, sa mère compte beaucoup sur lui, et aussi pour dissuader les regards trop appuyés des hommes, même si parfois elle semble regretter sa présence. Au début leur fuite ressemble à un jeu, ils s'arrêtent même manger des burgers, ce qui est exceptionnel, et visitent des grottes et des attractions touristiques, mais la paranoïa s'invite à la fête, et ils se garent loin des routes et dorment dans des hôtels étranges. L'enfant commence à ne plus supporter les "mon poulet" incessants de sa génitrice, encore moins en public. Elle passe d'un état grisé par la liberté, notamment lors de leur passage dans le Missouri où elle dit que son père "n'est pas capable de faire à côté de ses bottes", à des moments de doutes l'argent commençant à manquer. Un soir, leur pare-brise est fracturé, et elle craque et passe un étrange coup de fil qui inquiète Dern. Dans un hôtel de Tucumcari, un homme étrange rôde près de sa mère à la piscine et essaye d'établir le contact, Dern, s'interpose clairement entre eux. Le soir au restaurant ils font la connaissance de Clarence, un homme qui arrive à manger un T-bone de 1 kg, le restaurant offre la viande à ceux qui la finissent, peu de gens le peuvent, mais le job de Clarence est de faire croire le contraire aux clients. Le garçon s'entend bien avec le gros mangeur, mais l'homme de la piscine revient près de sa mère, il se prénomme Bill, Clarence le connait, ils ne sont pas en très bon termes. Bill entraîne sa mère de force sur la piste de danse, puis vers la sortie où il essaye de la violer la traitant d'allumeuse, sous le regard horrifié et impuissant de l'enfant. Heureusement, leur nouvel ami arrive et assomme l'agresseur. Le lendemain, Dern et sa maman continuent leur route, mais il se rend compte qu'ils ne vont pas en Californie mais chez ses grands-parents maternels, et comprend à qui était adressé le coup de fil de sa mère. Celle-ci prétend qu'ils sont juste en vacances, et feint d'ignorer tout de leurs projets de fuite au soleil. Ils revendent la voiture pour rentrer retrouver leur maison en avion. Depuis lors elle jouera l'épouse modèle au grand dam de son fils, elle veillera même son mari qui mourra d'un cancer quelques années après. Il aura beau lui rappeler leur aventure, elle prétextera de l'avoir éloigné à cause de ses mauvaises fréquentations.

Les nouvelles de Russo me rappellent un peu celles de Carver, quoiqu'en plus développées. Il a une habitude qui peut en déranger certains, ses nouvelles commencent ancrées dans l'histoire, sans que l'on présente l'action ou les personnages, il faut donc la prendre en route, et on met un peu de temps à situer, surtout lorsqu'il y a dès l'ouverture quatre ou cinq protagonistes. Je classerai les nouvelles dans deux thèmes majeures : les unes traitent de l'enfance, les autres du couple. Sur l'enfance : La fille de la putain, La botte et Les mystères de Linwood Hart. Même si dans le premier le personnage principal n'est plus un enfant, il raconte tout de même son passé. Les nouvelles sur le couple sont : Le phare de Monhegan, Plus loin vous allez..., Allégresse, Poison. Un thème relie les deux phases de la vie, celui de la maladie, de nombreux cancers tuent les personnages des nouvelles, on y trouve une dépression et d'autres maux sans nom. Russo fait une excellente analyse des sentiments humains, de l'incompréhension dans le couple, qui malgré les années ignore tout l'un de l'autre. Je ferai la même remarque que pour Dickens, une vision de l'enfant intéressante, dans sa découverte du monde, à la fois offert et fermé, qui est celui des adultes. Surtout dans la dernière nouvelle, où l'on découvre un futur philosophe dont l'esprit est assailli de questions sur tout ce et ceux qui l'entoure. La longueur des nouvelles est idéale et la fin à chaque fois inattendue. Le style de l'auteur ressemble parfois à du Bret Easton Ellis, un peu "parlé", il fait très vrai, mais ce n'est pas ce que je préfère. Un livre qui explore le tragique de la vie quotidienne, son ironie de façon légère et efficace.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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