Décevant ce nouveau Laurent Gounelle.

Alors que « Les dieux voyagent toujours incognito » m’avait fait réfléchir sur l’estime de soi et de son acceptation personnelle, « Le philosophe qui n’était pas sage » n’a fait naître aucune réflexion durant sa lecture. Les thématiques ne sont certes pas comparables. Développement personnel pour l’un, critique des sociétés occidentales pour l’autre.

Le problème étant que Gounelle ne rajoute aucun nouvel élément au tableau. Tout le monde est bien au courant que les possessions ne font pas le bonheur, que les mannequins aux corps de rêves ne sont présents que pour nous plomber le moral, et donc nous faire consommer. Ce cercle vicieux, chacun en est plus ou moins conscient. La lecture aurait malgré tout pu se trouver sympathique.

Voir comment l’occidentalisation d’un village indien se produit, à quel rapidité la dépendance aux choses intervient, comment s’y prendre pour déconnecter de soi-même un peuple dont les liens avec la nature sont omniprésents... La démarche poursuivie par Sandro -décidé à tuer psychologiquement et à petit feu le village amazonien- est intéressante car crédible. Le monde moderne arrive graduellement chez les indiens.

Ce qui est surtout dérangeant dans « Le philosophe qui n’était pas sage », ce sont les personnages. Mis à part Sandro peut-être, tous sont manichéens au possible.

Les indiens deviennent rapidement agaçants à cause de leur perfection. Ils passent leur temps à sourire, à voir le bon côté des choses, des gens... Cela donne lieu à des passages ridicules. Par exemple, lorsqu’Elianta, s’étant fait passer un savon par Krakus, retourne le voir en se disant qu’il n’a pas compris, que c’est triste pour lui... Niais. Tout simplement niais. Comment concevoir qu’un peuple vivant en pleine nature ne soit pas un tant soit peu méfiant envers trois gus en treillis militaires qui viennent pourrir leur culture ?

Les antagonistes de cette histoire sont tout aussi mal dégrossis. Pourris d’ambition et de vice, Krakus se trouve souvent bourré de clichés, et donc la plupart du temps ridicule. Heureusement donc, il y a Sandro, un peu plus humain car flirtant entre le bien et le mal. C’est lui qui livre les meilleures pensées, les leçons de morale qui font réfléchir.

Le conte de Laurent Gounelle ne restera pas dans les annales comme les paroles du sage Marc Aurèle. Les personnages de l’écrivain sont ratés, les péripéties sans saveur, les messages déjà étudiés en long et en large. Une lecture très fade.
mewnaru
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le 4 janv. 2015

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