Tokyo, printemps 1945. Des pluies de bombes tombent régulièrement sur la ville, la population a été divisée par dix et pour ceux qui restent le combat pour la survie est incessant.


C’est dans ce cadre dramatique que prend place Les 7 roses de Tokyo. Sous la forme du journal fictif d’un fabricant d’éventail, qui privé de son travail doit nourrir et protéger sa famille, l’auteur trace un portrait naturaliste, touchant et ironique d’un quartier et de ses habitants


A la moitié du roman, la guerre laissera place au début de l’occupation américaine, traitée sur un ton tout aussi ironique. Sur le final, le roman prend la forme d’un roman d’espionnage loufoque où les 7 roses de Tokyo combattent le projet de l’occupant (qui a véritablement existé) de supprimer les kanji (les idéogrammes de l’écriture japonaise)


La magie de la lecture d’un grand livre c’est de nous rapprocher de personne dont tout nous sépare : le temps, l’espace, la culture, les modes de pensée. Leurs joies, leurs souffrances, leur angoisses deviennent les notre. Le livre refermé on est d’être entré en empathie avec des humains que l’on connaissait peu, ou pas, ou mal.


C’est l’une des plaisirs que procure la lecture des 7 roses de Tokyo.


Les portraits des habitants sont justes, incisifs, drôles. L’auteur dépeint les petites lâchetés quotidiennes, les actes de bravoures, les compromissions, les trahisons, les trafics en tout genre, les retournements de veste de certains après la capitulation du japon, la flagornerie. Les tares de l’occupant sont également des sources inépuisables de moquerie.


Toujours avec humour, l’auteur dénonce la génération d’homme va-t-en-guerre qui a conduit le pays à la catastrophe mais également les crimes de guerres des américains (bombardement de population civile, et pas seulement atomique)


L’autre plaisir du livre, c’est celui de la lecture lui-même


Malgré les drames dont le récit est parsemé (et le narrateur ne sera pas épargné), celui-ci poursuit son récit avec nonchalance et humour. Les dialogues sont souvent fort drôles et le narrateur ne se prive pas pour consigner dans son journal des propos qui pourrait l’envoyer en prison, Il y’a aussi des variations dans la forme, l’auteur intègre des documents, des courriers, change de narrateur…. C’est très agréable à lire et malgré son épaisseur le livre se lit tout seul.


Les 7 roses de Tokyo c’est tout ce que l’on peut attendre d’un bon livre : plaisir de la lecture, découverte d’une facette humanité, de l’humour, de la tendresse pour les personnages, le tout servi par une écriture simple mais pas simpliste. Bref lisez le.

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le 22 janv. 2016

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Coriolano

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