Intertextualité invraisemblable, dénouement insipide, aérostats inintéressants

Assez déçue du cru de Nothomb de cette année, que j'ai lu d'une traite, comme d'habitude, mais qui ne m'a laissé qu'une impression de "mouais, bof".


La fin, bien qu'intéressante et fidèle à l'autrice, est trop abrupte & mal emmenée pour marquer, Nothomb nous a habitué à bien mieux. Les dialogues sont inintéressants, pompeux et invraisemblables, j'ai l'impression que l'autrice parle de plus en plus mal de ce que c'est que d'avoir entre 16 et 20 ans, malgré l'ambition de ce bouquin qui justement se targue de philosopher sur la jeunesse... mais honnêtement, un prof de mythologie à la fac qui se tape son élève harcelée, un gamin riche de 16 piges qui ne sait pas lire & ne semble connaître les femmes qu'à travers le porno, un père absent mais psychotique, une mère débile mais snob, bon, pourquoi pas, mais ce n'est pas une recette qui m'a l'air à la hauteur de Nothomb.


Je pense également aux relations entre les personnages, bien peu intéressantes, qui auraient mérité un développement à la Antéchrista ou à la Cosmétique de l'ennemi. Sans parler de cet amour pour l'intertextualité qui, d'habitude, nourrit la littérature de l'autrice et en fait sa richesse et sa profondeur indéniables, mais ne paraît être ici qu'une succession d'agréments classiques venant combler la superficialité d'un bouquin sans fond.


A l'année prochaine Amélie, en espérant cette fois-ci ne pas rester sur ma soif, comme à chacune de tes rentrées littéraires depuis 2018...


PS: Je partage ici des bouts de critiques qui parlent très bien de ce livre & rejoignent le sentiment que j'ai eu à sa lecture.


"Encore plus vite lu que d'habitude, le millésime 2020 d'Amélie Nothomb, avec son invraisemblable dénouement (ce n'est pas la seule chose qui laisse très dubitatif et incrédule), constitue une fois de plus un simple en-cas avant de passer à une littérature plus consistante. Disons que, cette fois-ci, il y avait bien peu à grignoter dans cette nouvelle livraison." (critique entière)


"(...) Ce roman ne vole pas haut quand même.
C'est un peu Nothomb qui s'auto-parodie dans ce bouquin. On reprend des restes d'Hygiène de l'assassin, on assaisonne le tout avec ce que la romancière a pu balancer en interview des dizaines de fois (ses romans préférés, son amour du champagne), pour le titre on prendra un mot qui reviendra une ou deux fois dans le roman mais n'aura rien à voir avec son intrigue principale, une fin brutale, on ajoute les prénoms soigneusement choisis pas du tout employés dans la vie courante mais ça vous fera les pieds de vous renseigner sur l'étymologie des prénoms bande de cancres, vingt minutes au four et c'est prêt.
Le truc c'est que contrairement à Hygiène de l'assassin ça n'a rien qui puisse paraître un peu nouveau (...). Les Aérostats est majoritairement constitué d'un long dialogue entre une prof particulière de français qui doit aider un dyslexique, dont les leçons se résumeront à "Lis ça pour demain" et le lendemain lui demander ce qu'il en a pensé."
(critique entière)

Créée

le 14 sept. 2020

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