Mémoires du quotidien
Une grande partie des œuvres d'Annie Ernaux relèvent du travail autobiographique. Souvent, dans ses œuvres, il y avait une impudeur très forte et revendiquée, une violence aussi, et une affirmation...
le 21 oct. 2014
9 j'aime
Ici se déroulent les souvenirs de nos vies et de nos familles.
Peu importe qu'on les ai vécus soi-même ou qu'on les ai entendus de nos parents.
Annie Ernaux met des mots clairs sur ces souvenirs confus. C'est un joyaux, car on ne trouvera cette combinaison entre le personnel et le collectif dans aucun livre sur l'histoire du 20ème siècle.
Quelle somme de travail !
Je pense qu'il n'y a que deux méthodes pour accumuler un tel survol de 50 années. Soit une bonne conservation de souvenirs personnels et sociétaux (bravo pour l’effort de longue haleine). Soit une reconstruction a-posteriori (effort encore plus impressionnant), mais sujette à un retraitement du souvenir selon le moment où on l'écrit, ce qui le rend très subjectif.
C'est à la fois un livre d'histoire et un roman, sans rien à voir avec un roman historique. C'est donc un type de livre probablement inclassable, un nouveau genre, l'autobiographie historique, ou le roman historique autobiographique.
Le livre est écrit à la 3e personne. L'auteur évoque son dilemme, dans les années où elle élabore son projet de livre, entre le "je" ou le "elle". Je crois qu'elle a fait le bon choix. C'est vrai qu'à la 1e ce serait trop personnel, par définition mais aussi par perte de recul sur les événements relatés.
Dans le même genre de recueil de souvenirs, vécus par l’auteur et par nous-mêmes les lecteurs :
- Les Je-me-souviens de George Perec, lus en livre et vus sur scène à Paris. Simple et inoubliable.
- Les souvenirs d’enfance de Jean-Pierre Jeunet dans le film Amélie Poulain. Jubilatoires.
Au final, je vais remonter mon appréciation à la note maximale, car ce livre est unique, non seulement pour ses qualités littéraires (quel style, quel sens de la formule) ou pour le riche contenu qu'il nous donne à lire, mais aussi pour la thérapie qu'il nous apporte en réactivant dans notre mémoire tant de souvenirs enfouis : on ne voit plus le présent et l'avenir de la même manière. Il faudra même le relire de temps en temps, comme un traitement de jouvence.
Créée
le 27 janv. 2021
Critique lue 81 fois
D'autres avis sur Les Années
Une grande partie des œuvres d'Annie Ernaux relèvent du travail autobiographique. Souvent, dans ses œuvres, il y avait une impudeur très forte et revendiquée, une violence aussi, et une affirmation...
le 21 oct. 2014
9 j'aime
C’est avec ce livre d’Annie Ernaux que j’aurai découvert le concept d’”autobiographie impersonnelle” qui, s’il intrigue de par son aspect oxymorique, se révèle aussi décevant qu’un lecteur pessimiste...
Par
le 5 janv. 2023
5 j'aime
N'ayant lu que la première moitié de l'ouvrage, je ne commenterai évidemment que celle ci. Mais pourquoi s'être arreter dans ma lecture ? Je m'explique. Dans cette oeuvre liant une intimité unique à...
Par
le 28 mai 2015
3 j'aime
Du même critique
J’ai mis 220 pages à prendre la décision d’arrêter, car je me forçais à continuer, au cas où, et par respect pour le drame à l’origine du livre.Encouragé par l’enthousiasme général et la critique...
le 1 mars 2020
4 j'aime
3
Ce film de 1973 a un peu vieilli. On n'imagine plus un film comme celui-ci sortir aujourd'hui. Mais l'histoire est belle et les acteurs sont bons. Deux étudiants n'ayant apparemment rien en commun...
le 20 sept. 2020
3 j'aime
Oui, édible car très comestible: c’est une bonne série, à déguster sans modération ! Et c'est dicible, n’en déplaise à des esthètes difficiles qui font la fine bouche sur un détail sans vouloir...
le 24 mai 2020
2 j'aime