Kawabata, ai-je lu, est prix Nobel de littérature, en 1968. Soit, le style est brillant, touchant, précis, comme attendu. Les souvenirs, les émotions, les détails des tableaux sont poétiques et enchanteresques. Les scènes de sa vie - devrais-je dire de ses femmes - sont les plus beaux passages que décrit le personnage principal.
Il y a toutefois une ombre de taille qui m'empêche de mettre une note élevée à ce roman. Notre personnage n'est pas le narrateur. Le narrateur accumule les jugements discrets, regards passifs et acceptés, sur les hommes et les femmes, sur l'Humain. La rencontre des belles jeunes filles, endormies afin que les vieillards puissent en faire ce qu'ils veulent, et du "héros" sont placés sous le signe du malsain.
Dans le langage courant, les scènes nocturnes narrées ici sont appelées des viols. Dans la vie ordinaire, on ne cesse pas d'être un homme parce qu'on ne peut plus brandir sa virilité. Jusqu'à la mère, les filles du protagoniste sont réduites à leur dimension sexuelle, et son épouse est absente de tous ses souvenirs de jouissance. Tout ce qui est décrit dans ce roman est porté par l'idée que pour apprécier l'érotisme d'une femme, il faut en être maître, la maîtriser pour la posséder.
La plume est belle, mais empoisonnée, et j'ai été hermétique aux sentiments du personnage, obnubilée que j'étais par cette vision si triste et réductrice des hommes, des femmes et de leurs relations.

LuiseDiLida
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le 30 mai 2017

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