Contempler contempler contempler contempler contempler...

Je dois d'abord dire que j'aime beaucoup Barjavel, en fait, quand il fait de la SF. Ici il s'agit plus d'un roman qui se veut spirituel, et autant dire qu'avec moi ça ne passe pas du tout.

Les Chemins de Katmandou, c'est en fait une histoire d'amour sur fond de recherche de soi, de spiritualité, etc. On y voit les personnages passer par divers chemins (d'où le titre) pour atteindre leur "moi" profond.
L'idée en soi n'est pas mauvaise, pas plus que l'écriture de Barjavel, j'ai juste trouvé ce roman extrêmement contemplatif.
J'ai eu l'impression qu'il brassait du vent, surtout.

Malgré cela je l'ai lu jusqu'au bout, il y a certains passages qui m'ont interpellée, et d'autres qui m'ont ennuyée. Je l'ai trouvé très long à lire. Pas au sens long parce que beaucoup de pages - ce livre est en fait relativement court- , je l'ai trouvé long parce qu'ici Barjavel s'attarde sur des descriptions lourdes et des tournures de phrases également très lourdes, manquant de simplicité.

Je trouve ça quand même paradoxal qu'un roman qui veut prôner une philosophie de vie simple soit aussi lourd et pompeux.
Comme je le disais, il y a de très bonnes choses dans ce livre, mais si on élague en simplifiant ses phrases on se retrouve avec un petit livre de 10 pages qui essaie de nous expliquer que la société c'est de la merde (on vit dans une societer) et que rien ne vaut une vie simple faite d'amour et d'eau fraiche.

Remis en contexte ça prend son sens, l'idéologie hippie des années 60, c'est un peu ça en fait, pour le peu que j'en sais. Enfin, d'autres critiques que j'ai lu appuient le fait que pour ce qui est du mouvement hippie et de la drogue Barjavel ne semble pas bien informé. Mais en même temps ce livre a été publié dans cette époque (1969, soit un an après mai 68, obviously), donc je me dis qu'en fait il en savait probablement plus que moi, lectrice née environ 20 ans après cette époque.
En ce qui concerne les effets de la drogue et les illusions qu'elle génère, je me fie plus aux romans de Burroughs, ici on a une vision un peu plus édulcorée, et idéalisée.

Pour ce qui est des personnages, la première partie du roman est confuse. Barjavel nous introduit des personnages sur plusieurs chapitres qui n'auront aucune incidence sur la suite. J'ai trouvé ça un peu inutile, en fait. Il aurait pu vraiment se concentrer sur les personnages de Jane et Olivier sans passer par la case "je vais prendre une dizaine de pages pour vous parler d'un personnage qui va mourir sans avoir eu aucune influence sur l'histoire qui nous intéresse dans ce roman".

Peut-être avait il une volonté d'appuyer le discours spirituel de ce roman, mais j'y vois surtout un auteur qui s'éparpille sur plusieurs chapitres avant de trouver l'histoire qu'il veut vraiment nous raconter.

Enfin, si on élude le caractère "philosophique", on se trouve face à une toute bête histoire d'amour qui n'a pas grand intérêt. On a un mec qui tombe amoureux d'une fille au premier coup de bit.. d’œil pardon :o) et qui va essayer de jouer les princes pour la sauver du grand méchant dragon qu'est la drogue.

{spoiler} Sauf qu'il déchante assez vite puisque les gens sont méchants et le mec qui était supposé l'aider viole et pousse au suicide sa dulcinée. {/spoiler}

La structure de cette histoire est en fait assez commune, si on regarde bien. Puis c'est bien connu, les histoires d'amour finissent mal en général. :o)
C'est pas un mal en soit, mais il y a tellement de fioritures autours que j'ai fini par me demander si Barjavel avait pas voulu en fait cacher cette structure basique sous des montagnes de philo de comptoir pour qu'on se dise "oh wahou mais cay tellement profond"!

En conclusion, je dirais juste que ce roman m'a énormément déçue par rapport à d'autres romans de Barjavel que j'ai lu. Il n'est pas foncièrement mauvais mais pour moi il relève beaucoup de l'enculage de mouches. Il aurait pu être beaucoup plus simple et honnête.
J'ai beaucoup eu l'impression d'avoir pioché un bouquin au rayon spiritualité, entre un "Apprendre à s'aimer soi-même" et "Guide pour trouver la paix intérieure". Je serai un macho sexiste je dirais que c'est un "bouquin de bonne femme" - enfin vous saisissez l'idée, quoi. :o)
Visualisez le rayon spiritualité & bien-être de chez Gibert, sinon. :o)