Les Choses
7.4
Les Choses

livre de Georges Perec (1965)

Regard sociologique sur ces objets qui nous entourent et que nous ne voyons plus

Acheté il y a quelques années déjà par hasard dans les rayons d'une librairie, je voulais voir ce dont il était question dans cet ouvrage dont j'avais tant de fois admiré la couverture. N'ayant jamais voulu lire la quatrième de couverture car ne voulant pas m'en faire une opinion avant de le lire dans son intégralité, je constate à présent que je suis bien content de ne jamais avoir osé jeter un coup d’œil au résumé qui se trouve au dos. Car il ne m'aurait pas vraiment tenté...



LE POUVOIR DES CHOSES...



Mais j'ai pourtant lu l’œuvre, l'ai apprécié parfois. Et j'avoue que cela n'a pas toujours été tâche aisée. Je ne m'attendais à rien, et pourtant, je n'avais jamais lu quelque chose d'aussi étrange. J'ai eu du mal à rentrer dedans, et il faut avouer que l'incipit est tout à fait surprenant. À la manière d'une énumération d'objets (qui m'a personnellement semblé sans fin), on parcourt l'univers, annonçant le cadre et l'environnement global.


Et ce sont les objets qui constituent les principaux protagonistes. Ce sont eux qui influent, qui poussent au matérialisme, et au consumérisme. Ce sont eux qui jouent le rôle de marqueur social, de quantificateur du bonheur et de la réussite. Ils sont le résultats d'une histoire, les élément révélateurs d'un parcours de vie.



AVENIR INCERTAIN À PARTAGER.



Dans un second temps, le plaisir s'est fait ressentir assez rapidement, de manière surprenante même. Passé le détail de ces choses, la vie des deux personnages, Sylvie et Jérôme, entre en jeu. À ce moment, je me suis familiarisé avec l'écriture, et j'ai pu me concentrer sur mon ressenti personnel de lecteur. C'est très étonnant la distanciation qu'il m'a paru y avoir entre la lecture et moi, et en parallèle, une assimilation avec les deux jeunes adultes qui découvrent la vie.


En effet, leur rapport à leur avenir, sinon même à leur temps présent a tout à fait capté mon attention. En période de remise en cause, de questionnement concernant un tour des choses assez incertain, la situation me correspond et me touche. Que l'action se déroule dans les années 60 n'y change rien, et les cinq décennies qui nous séparent n'ont aucun impact sur la façon que l'on a de se sentir perdu lorsque l'on a 20 ans, et la vie devant soi.



LA RECHERCHE DU BONHEUR À TRAVERS LE CONSUMÉRISME.



Et puis, le récit avance, et prend une tournure qui accentue la distance avec le jeune adulte que je suis. Un discours dont la neutralité a paralysé mon jugement et ma réflexion. Pourtant, l'histoire apparaît comme un prétexte pour développer un environnement singulier, rempli d'objets. Même l'auteur ne qualifie pas son œuvre de roman. Et cet aspect très aseptisé évoque davantage une approche sociologique du monde qu'une narration fictive. Cette approche questionne notre perception des choses, l'impact des objets sur nos comportements. Notre regard joue un rôle évident, et c'est finalement le point de vue que l'on adopte sur cela qui marque notre sentiment.


Enfin, la dernière partie (si je peux découper le récit en trois étapes) est attachée à rendre compte de l'indécision et de l'éternelle et difficile quête d'un bonheur perdu, d'une jeunesse arrachée. On ne sait pas quand il nous a quitté, semble ne jamais vouloir revenir, et pourtant l'on croit et attend patiemment son retour, rempli d'optimisme et d'espérance en un avenir heureux. Quand le présent est incertain, que faire de mieux que d'espérer que le lendemain soit meilleur ?


Lisez ici ma chronique dans son intégralité

FlorianAubert
7
Écrit par

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le 9 juil. 2016

Critique lue 205 fois

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