Alors voilà, j'avais mis trois, j'avoue, et un jour une fille m'a poussé à le reprendre, photocopies d'une poignée de pages plutôt drôles à lire sur le retour. L'idée était convaincante. On est pas sérieux quand on a dix sept ans, on est même parfois un peu débile. J'ai donc repris mon livre, avec les quelques traits de crayons laissés par l'élève absent que j'étais. Dix ans plus tard - ah ah j'ai toujours rêvé de dire ça ! - j'ai repris donc ces quelques pages et je dois avouer que. Non, reprenons à zéro.

Forcément, dans la saison un, Jean Jacques pose les bases de la série à venir, il nous expose dans un très bon premier épisode qu'il nous dira la vérité, toute la vérité, qu'il le jure, et que parfois ça sera un peu orné parce que la mémoire, vous comprenez, on vieillit, et une vie si remplie, enfin, non, vous pouvez pas comprendre comment ça marche dans sa tête, il est unique, il ressent le monde depuis la naissance, infiniment plus fort que vous, mais asseyez vous quand même, reprenez la lecture, comme gage de bonne foi, Jean Jacques vous raconte ses pires fantasmes honteux. Scène douteuse, mais drôle comme tout, sa passion masochiste. Et voilà, vous êtes un peu en haleine, avouez-le, mais c'est toujours pareil, la première saison, ça pose les bases, alors la suite est moins amusante, naissance, famille, travail, jeux d'enfants, les précepteurs, l'apprentissage de ferronnerie, les premières fuites, ses premières lectures d'enfant prodige, on s'ennuie un peu, non ? Mais non, attendez, seize ans, le grand départ ! Tourne la page. Fin.

Ah ah. Allez suite. Vite.

Saison deux, le grand départ, donc, petits souvenirs, Mme de Warrens, sa nouvelle maman, le voyage à Turin, les premières errances ; Jean Jacques en fait un peu trop, prétentieux comme tout, menteur régulier trahi par les notes en bas de pages - parce qu'à l'époque aller vérifier des registres religieux à Milan, même si tu l'aimes vraiment pas l'Jean Jacques, t'en as pour trois mois de voyage, et tu risques ta vie ! - sa conversion au catholicisme, le méchant arabe qui veut le violer, les caresses de toutes et de tous - c'est fou ce que ce petit garçon pleure et est caressé par les gens, il devait être super doux - et puis les premières amours, vues de loin, la naïveté touchante du jeune Jean Jacques et ce regard attendri du vieux Rousseau nous écrivant de son exil anglais - mais je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, cette partie me semblait plaintive, longuette, je ne sais pas, on trainait autour d'un bon sept, rien de fou, les premiers pas dans la bonne société, et puis il termine sur un aveu un bidon, un coup bas pour accuser cette pauvre Marion. On le regarde avec un incompréhension, pourquoi Jean Jacques ? Il bredouille et conclue d'un regard noir, je ne veux plus jamais en parler. Fin.

Encore ? Comme ça ? Ca fait deux fois !

Et là, c'est la saison trois, Jean Jacques a entre 17 et 20, il a maintenant bien grandi, toujours pas dégourdi, s'élance enfin de plein pied dans la vie ! Evidemment, il y a sa relation avec Maman qui avance, et puis d'autres voyages, et puis ses relations avec les filles, et parfois il se rend compte des paradoxes terribles de sa pensée, il s'avoue des passions qui contredisent toutes théories et se les pardonne d'un revers de main, et je ne sais pas vraiment pourquoi mais cette partie est vraiment bien, j'ai pas envie de vous raconter ce qui s'y passe, comme dans les précédentes, mais quel bel âge vingt ans, on est encore un peu débile aussi, les personnages se multiplient et disparaissent les uns après les autres, des souvenirs se glissent comme un peu perdu dans ces pages mais il sait nous tenir en haleine, quand il parle de l'amour et de ce sentiment qui, enfin j'vais mettre l'extrait dans les Jolis bouts, ma liste, parce qu'il est joli mine de rien, il nous promet bientôt je vous raconterai comme toute cette histoire s'est finie, mais pas tout de suite, on voit qu'il s'amuse et soudain la fin s'approche et J. J. nous balance tout d'un coup "oh, c'est bientôt la fin de l'épisode, je me demande ce que je vais faire dans la prochaine saison, c'est la période de ma vie dont je me rappelle le moins !" et hop, tranquille le mec : Fin !

Je me suis lancé dans la quatrième ce matin, et je riais même dans le bus, en rentrant, tant ça peut être drôle Rousseau, drôle et tellement plus ! Je vous raconterai plus tard !
JZD
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le 21 juin 2012

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J. Z. D.

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