Utopie, anarchie, et rêve d'une autre société

Il y a de cela 200 ans, une colonie anarchiste a quitté la riche planète mère Urras pour s'installer sur la lune arride Anares. Depuis tout contact est coupé et la société idéale basé sur le partage et la non-possession se développe. Shevek, grand savant trop à l'étroit sur ce satellite arride, veut se rendre sur Urras pour continuer à développer dans les plus grandes universités sa théorie qui changera la physique et rendra possible les voyages instantanés. Ce voyage sans retour, une première depuis 200 ans, et qui sera l'enjeu de mouvements politiques complexes entre les différents gouvernements d'Urras (capitaliste, socialiste, révolutionnaire, ..) , sera l'occasion pour Shevek de faire un état des lieux de chacun des deux deux modèles de sociétés.
La lecture de ce livre demande un certain investissement, ce n'est pas du simple divertissement mais une réflexion sociologique et anthropologique. La lecture peut paraitre austère, à l'image d'Anares, mais la satisfaction d'avoir partagé une telle expérience en vaut la peine. Personnellement j'ai été profondément réceptif à cette société basée sur l'usage (et non la possession) et le strict besoin, à des années lumière de notre société de consommation, de croissance effrénée, de gaspillage, d'argent et de besoins inutiles. Parfois j'ai mêmel'impression de me construire mon propre Anares à mon humble niveau...
On retrouve de plus des thèmes chers à Ursula le Guin comme l'écologie (le vrai amour de la nature et non la bête récupération politicienne) ou la place de la femme dans la société (là encore en toute simplicité et hors revendication engagée). Encore une fois quand on voit notre société actuelle ça fait vraiment réfléchir...
J'avais commencé ce livre il y a une dizaine d'année pour l'arréter au bout d'une centaine de pages, trop aride, trop austère.. je n'avais pas vu la richesse mais maintenant c'est réparé. Ce qui m'a donné le déclic c'est la nouvelle "A la veille de la révolution", dans le Livre d'Or d'Ursula Le Guin, sorte de Year Zero écrit par l'auteur peu après la fin du roman, lauréat des prestigieux prix Hugo et Nebula.
Ce n'est pas de la SF c'est de l'art, de la culture, de la littérature, de l'intelligence simplement.
aym06
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le 3 mai 2012

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