Cela faisait des mois que j’attendais désespérément la sortie en édition de poche du quatorzième tome de la série « Le Trône de fer ». Hélas, jamais il ne venait et je me suis donc décidé à m’offrir le bouquin édité chez Flammarion dans la collection Pygmalion. Il s’intitule « Les Dragons de Meereen ». Il s’agit de l’avant-dernier tome paru à l’heure actuelle en langue française. Ce livre de format classique se compose de presque cinq cent pages et coûte environ vingt euros. La couverture nous présente la légendaire Daenerys assise dans son trône protégée par un impressionnant dragon.

La quatrième de couverture nous immerge dans l’histoire avec les mots suivants : « A présent que Stannis Baratheon est parti reprendre Winterfell aux Bolton pour s’assurer la domination du Nord, Jon Snow est redevenu le seul maître du Mur. Cependant, le roi autoproclamé a laissé sur place Mélisandre, la prêtresse rouge, qui semble décidée à apporter son aide au bâtard. Les flammes lui révèlent l’avenir, mais quel avenir ? A Meereen, la situation s’enlise : le blocus du port par les esclavagistes ne semble pas vouloir prendre fin, et Daenerys refuse d’envoyer ses dragons y mettre un terme flamboyant. L’enquête visant à démasquer les Fils de la Harpie, coupables des meurtres qui ensanglantent le pouvoir, piétine elle aussi. Seul un mariage pourrait dénouer la situation, mais les prétendantes sont nombreux et les conséquences hasardeuses. Quant aux Lannister, ils vont devoir attendre encore un peu avant de pouvoir décoller la tête de leur lutin de frère : le ravisseur de Tyrion a de tout autre projet pour ce dernier… »

Au risque d’énoncer une évidence, se plonger dans « Les Dragons de Meeren » sans avoir lu les treize épisodes précédents est une quête vouée à l’échec. La quantité des personnages, la diversité des lieux et des contrées et la densité des événements rendent impossible une prise en cours de route de l’histoire. De plus, un adepte régulier et rigoureux de la série télévisée adaptée ne s’en sortirait pas beaucoup mieux. En effet, la version du petit écran bien que respectant les grandes lignes du récit en édulcorent certaines parties, jouent légèrement avec la chronologie et s’éloignent ponctuellement de l’œuvre initiale. J’estime que le visionnage de la série et la lecture des ouvrages sont deux activités relativement indépendantes. L’une n’est pas indispensable à l’autre et réciproquement. Il s’agit de deux plaisirs différents que je savoure avec le même appétit.

Au fur et à mesure que les tomes paraissent, les intrigues se multiplient et s’étendent de plus en plus loin atteignant même des contrées jusqu’alors inconnues du lecteur. La conséquence de ce développement exponentiel est que chaque nouveau livre ne peut pas faire cohabiter tous les personnages. Par exemple, Cersei, personnage central de la vie de Port-Réal et de Westeros n’apparaît pas dans « Les Dragons de Meereen ». Comme tout afficionado de la saga, j’ai mes petits chouchous. Pour moi, ils sont Tyrion, Arya et Daenerys. La seconde n’est évoquée que dans un seul chapitre. Les deux autres, par contre, occupent une place importante dans cet épisode. Pour résumer, le Mur, Winterfel et Meeren sont les deux lieux centraux de ce quatorzième opus. Le fait de ne s’obliger à faire un bilan de chacun des très nombreux enjeux de la quête du Trône de Fer permet au lecteur de s’intéresser tour à tour à des protagonistes ou des royaumes qui ne faisaient pas partie de ses favoris au premier abord. Il faut d’ailleurs féliciter et remercier l’auteur de ne pas privilégier un aspect ou un autre dans sa grande toile d’araignée narrative. Par conséquent, l’attrait de la lecture ne diminue jamais.

Cela faisait un an que j’avais terminé le tome précédent. Je ne me rappelais pas forcément dans les détails de la situation de chacun à la conclusion de la lecture. Les informations sont denses et il m’est bien difficile, je dois avouer, de toutes les mémoriser sur une aussi longue durée. Néanmoins, cette faiblesse ne s’est pas avérée pénalisante. Sans tomber dans un grand laïus récapitulatif, George R.R. Martin arrive à distiller les mots décrivant les enjeux. Dès les premières pages, je suis projeté dans l’univers de Westeros et des Cités libres. Immédiatement, une sensation agréable de bonheur m’a inondé. J’avais l’impression d’être de retour à la maison dans un monde que je m’étais approprié et qui me fascinait.

Une des forces de l’auteur est d’arriver à développer un univers sans tomber dans de longues descriptions ou digressions. C’est en distillant des détails qu’il fait transpirer des pages la moiteur ou le grand froid qui abrite l’histoire. L’écriture est finalement assez sensorielle. Tolkien avait également cette capacité à faire naître des sensations olfactives, visuelles ou auditives en peu de mots. George R.R. Martin partage ce talent. C’est agréable car il s’agit d’un des atouts fondamentaux de toute bonne saga de fantasy. La chaleur qui accompagne les pas de Daenerys à Meeren ou la lutte contre le blizzard des troupes de Stannis sont un modèle du genre. Les familiers de tout ce petit monde sauront savourer.

Mais ce livre ne se contente pas de nous faire voyager et découvrir de nouveaux us et coutumes. Il nous fait avant vivre de véritables aventures dont les issues sont pour le moins imprévisibles. L’auteur a pris pour habitude de surprendre son lecteur en faisant disparaître certains personnages a priori éternels ou en décrivant des événements surprenants. Cet état de fait a pour conséquence de maintenir en permanence notre curiosité attisée. Les garanties sont fragiles et nous ne pouvons être sûrs de rien. J’adore cette sensation de ne pas savoir ce qui va se passer. Cela fait que rien ne paraît acquis et que la lecture est ainsi particulièrement active. On s’interroge, on a peur, on s’inquiète. Les moments de joie et de paix sont finalement assez rares et c’est une bonne chose car ce n’est pas ce qu’on est venu chercher.

Ce quatorzième opus est un excellent cru. J’ai aimé retrouver tous ces personnages auxquels je me suis attaché pour des raisons propres à chacun. La période est trouble pour beaucoup d’entre eux et les équilibres sont instables. Le sentiment de se préparer à vivre des moments importants se dégagent de toutes les pages. « Les Dragons de Meeren » fait partie de ces romans qui se dévore à grande vitesse tout en appréhendant de voir arriver la fin et la frustration d’avoir terminé arriver. Heureusement, le tome suivant est toujours édité et je n’ai pas hésité à m’y plonger au plus vite. Mais cela est une autre histoire…
Eric17
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le 17 août 2014

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Eric17

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