De l'importance de ne pas coucher avec sa famille

« Il est de ces maisons, de ces existences, qui stupéfieraient les personnes raisonnables ».


Stupéfiant inceste que celui-là, que l’on se prétende raisonnable ou non. Touchés par la grâce de la lutte sans merci qu’ils se livrent bien malgré eux, Paul et Elisabeth, tour à tour – mais jamais concomitamment – nourrissons, adolescents, puis sexués, semblent ne pas trouver de réponse à la passion qui les dévore. Le décès d’une mère, l’abandon d’un oncle, les joies de l’opulence quotidienne vont achever de les conforter dans l’idée qu’une vie d’enfants ressemble à s’y méprendre à une vie d’adultes, ponctuée de rires, d’aventures, mais surtout de douleurs.


Car leur passion, à ces tyrans, fait mal. Elle achève, littéralement. Comment, sans renoncer aux plaisirs de l’imagination et de l’enfance, accepter l’éloignement de la sœur, puis du frère, embrasser un fonctionnement rationnel d’êtres « réfléchis et rangés » ? Paul s’accommodera de la plus plate solution qui soit : la résignation. Elisabeth, elle, choisira la sortie dramatique. On en a connu d’autres, des amours – labellisées « malsaines » – aussi machiavéliques que destructrices. La Phèdre de Racine ne nous contredira pas, ni La Machine Infernale de ce même Jean Cocteau, imaginée et construite trois ans après la rédaction des Enfants Terribles.


http://lignoranceetlamisere.com/les-enfants-terribles-jean-cocteau-1929/

Créée

le 14 juin 2016

Critique lue 758 fois

3 j'aime

Critique lue 758 fois

3

D'autres avis sur Les Enfants terribles

Les Enfants terribles
Nomenale
8

le bateau livre

Paul et Elisabeth sont à cet âge où l’on sort de l’enfance, du monde des jeux et des rêves pour entrer dans l’âge adulte. Mais à quoi sert-il, cet âge adulte ? C’est tellement bien de rêver, de...

le 26 juil. 2014

17 j'aime

2

Les Enfants terribles
LIgnoranceEtLaMisere
8

De l'importance de ne pas coucher avec sa famille

« Il est de ces maisons, de ces existences, qui stupéfieraient les personnes raisonnables ». Stupéfiant inceste que celui-là, que l’on se prétende raisonnable ou non. Touchés par la grâce de la lutte...

le 14 juin 2016

3 j'aime

Les Enfants terribles
JulesLeon
6

Critique de Les Enfants terribles par Jules Leon

Pas convaincu de mon premier et certainement dernier Cocteau. Beaucoup d'allegories sur un sujet pathétique, vu, revu et revisité dix mille fois sous un style trop académique.

le 9 déc. 2023

1 j'aime

1

Du même critique

Oncle Vania
LIgnoranceEtLaMisere
10

Du danger de noyer sa déprime dans la vodka

« J’ai vu ces jours-ci Oncle Vania – j’ai vu et j’ai pleuré comme une bonne femme […] : c’était comme si on me sciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le...

le 14 juin 2016

3 j'aime

Confiteor
LIgnoranceEtLaMisere
10

De l'importance, simplement, de se laisser submerger par la magie de l'écriture

« Ce n’est qu’hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. Tout à coup, j’ai vu clairement...

le 14 juin 2016

Ruy Blas
LIgnoranceEtLaMisere
8

De l'acceptation d'un conjoint plus niais que soi

« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ; Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut...

le 14 juin 2016