Ce magistrat s'interroge sur les manières de devenir un honnête homme et les fondements d'une telle qualification. Il se base tant sur les écrits de l'Antiquité, sur Platon et Cicéron notamment, et sur son expérience personnelle, ses bonnes actions comme ses erreurs. Il souhaite s'élever, d'une part, en fonction des préceptes des sages qui l'ont précédé et par le poids du précédent que lui offre son vécu. L'humanisme, la relation entre les êtres humains, ce qui inclut les femmes, la religion, la santé, notamment sont analysés par ces prismes, dans une volonté de sagesse et sur l'appui de l'apport de la philosophie.
Cette réflexion ample, sur 1200 pages environ (mon édition étant en deux volumes), invite utilement à prendre du recul sur la manière d'organiser son existence, ce qui s'avère amplement nécessaire en ces temps fort troublés. Aussi ai-je apprécié ce paragraphe de la critique principale : "Dans les époques troublées comme la nôtre, les hommes de valeur n'ont souvent rien de mieux à faire que de s'enfermer dans leur bibliothèque, dans les écrits des anciens sages, de relire les livres qu'ils aiment tout en jouissant de la beauté de cette vie et de la Création comme le faisait Montaigne, un des plus célèbres maires de Bordeaux, à la différence que lui n'a jamais dû subir une peine de justice pour complaire à un maître ou un autre. Montaigne se faisait un plaisir d'être « guelfe avec les gibelins et gibelin avec les guelfes ». C'est un plaisir rare d'être signe de contradiction des certitudes, un plaisir véritablement aristocratique, bien qu'en contrepartie il faille évidemment souffrir une certaine solitude voire une solitude certaine."
L'ancien ne gêne pas vraiment à la compréhension, les notes éclairant les passages et mots obscurs, ainsi que les traductions des citations grecques et latines. La lecture en est juste quelque peu ralentie.
Voilà donc un classique de la philosophie qui mérite, à mon sens, son statut, et dont j'apprécie la démarche, comme le style.