Il faut choisir d'aimer les femmes, ou de les connaitre ; il n'ya pas de milieu.

Je ne sais pas pourquoi mais le nom de Gide m'avait toujours semblé terriblement classique, je crois que je le confondais avec Racine, parfois je fais de drôles d'associations. Il dégageait donc dans mon inconscient une aura austère et rébarbative, désolée pour Racine. Et je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt. Moi qui avais adoré Proust, j'ai retrouvé ici la même finesse dans l'analyse psychologique humaine, dans un style plus aéré. Quel délice. Gide est un grand observateur du genre humain, combien de rencontres nous narre-t-il où les protagonistes se manquent, chacun n'osant pas montrer son affection pour l'autre et ne dégageant alors que de la froideur qui passe alors pour du mépris. C'est une situation tellement vraie, mais dans les livres les personnages sont toujours eux-mêmes, on dirait qu'ils n'ont pas peur d'afficher leurs sentiments, ils font ce qu'il faut. Là les quiproquos s'installent et les personnages qui auraient dû faire partie d'une intrigue seront présent là où on ne les y attendait pas, remplacés par d'autres. Chacun voudrait être avec un autre et cet autre en veut un troisième qui lui veut le premier, et tout ceci aurait pu se dérouler facilement sans la barrière du paraître. ON y voit l'incompréhension naître entre les enfants et leurs parents, au grand dam des premiers. Gide utilisé un procédé dont je ne me lasse pas, les noms de famille-signifiants, mon préféré : Passavant, qui écoute d'une oreille méprisante les informations "non couchées sur papier" de ses hôtes pour se les approprier ensuite, qui n'est donc pas très savant mais aussi qui passe avant, il écrit lui même ses critiques qu'il envoie aux journalistes, et se sert de sa renommée sans complexe pour arriver à ses fins. On y verra bien sûr une critique des sophistes et autres beaux parleurs, mais je ne connais pas assez la biographie de l'auteur pour citer des noms. L'alternance entre une narration externe et les journaux intimes des personnages est très bien trouvée, car elle met en appétit le lecteur quant au détail des scènes de point de vue extérieur. On trouve dans ce livre une homosexualité latente, les rapports entre Bernard et Olivier ou Edouard et les jeunes garçons sont ambigus on ne sait jamais ce qu'il en est réellement. Je me suis un peu perdue entre les deux jeunes personnages trop semblables à mon goût, et quelques passages un peu lourds. Cependant, le regard que porte Gide sur l'adolescence est troublant de justesse, les ambitions démesurés, les amours ardents, la cruauté, sa mémoire est restée très fidèle. Un auteur à découvrir pour tout ceux qui ne l'ont pas encore fait.


Diothyme
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Littérature française et Ma bibliothèque

Créée

le 3 août 2011

Critique lue 1.1K fois

13 j'aime

4 commentaires

Diothyme

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

13
4

D'autres avis sur Les Faux-Monnayeurs

Les Faux-Monnayeurs
JZD
9

Critique de Les Faux-Monnayeurs par J. Z. D.

Un des rares livres que j'ai lu deux fois ; enfin, j'ai beau l'avoir relu, j'ai toujours un doute sur le fait de l'avoir déjà lu, j'pourrais presque le relire pour être sûr étant donné que je ne m'en...

le 24 janv. 2011

27 j'aime

5

Les Faux-Monnayeurs
Plume231
8

A l'ombre des jeunes hommes en fleurs !!!

Dans la vie, rien ne se résout; tout continue. On demeure dans l'incertitude; et on restera jusqu'à la fin sans savoir à quoi s'en tenir; en attendant, la vie continue, tout comme si de rien...

le 5 févr. 2016

18 j'aime

7

Les Faux-Monnayeurs
Diothyme
8

Il faut choisir d'aimer les femmes, ou de les connaitre ; il n'ya pas de milieu.

Je ne sais pas pourquoi mais le nom de Gide m'avait toujours semblé terriblement classique, je crois que je le confondais avec Racine, parfois je fais de drôles d'associations. Il dégageait donc dans...

le 3 août 2011

13 j'aime

4

Du même critique

Demande à la poussière
Diothyme
9

Critique de Demande à la poussière par Diothyme

Arturo Bandini est jeune écrivain en devenir de 20 ans, tout récemment émigré à Los Angeles pour faire carrière. Il vivote grâce à une nouvelle parue dans un magazine : Le Petit Chien Qui Riait, dont...

le 21 févr. 2011

57 j'aime

16

Le Livre de l'intranquillité
Diothyme
8

Frag[île]ment

Je ne sais si j'ai aimé ou détesté Pessoa. Je reprends donc le clavier pour essayer d'y voir un peu plus clair. Je n'ai rien à lui reprocher, ni sur le fond, ni sur la forme. C'est un écrivain de...

le 30 déc. 2015

46 j'aime

19

C'est arrivé près de chez vous
Diothyme
9

Allez reviens gamin...

Enfin ma malédiction avec ce film est rompue, j'avais essayé de le voir, deux ou trois fois mais à chaque fois j'ai dû arrêter au milieu contre mon gré, pourtant il me plaisait bien. Je comprends...

le 3 juin 2011

42 j'aime

22