Ce roman m'a été généreusement offert par une amie (coucou Marine !), sans cela je n'aurais probablement pas su l'existence de cette saga, ni entendu parler de cette auteure. Ce premier tome nous plonge d'abord dans l'univers d'Ophélie, une jeune fille banal, renfermée sur elle-même, mais qui a le pouvoir le passer les miroirs et et lire la mémoire des objets de ses mains nues. Très vite on nous annonce qu'Ophélie est vouée à se fiancer à un étranger, dans tous les sens du terme : elle ne connaît rien de son futur mari et en plus il vient d'une autre arche ! En effet Ophélie vit sur l'Arche d'Anima, qu'elle devra quitter pour vivre au Pôle, l'arche de son fiancé, et c'est là que l'aventure commence. 
D'abord on fait la découverte d'Anima, des relations que ses habitants entretiennent les uns avec les autres, on a le temps de se faire à l'idée d'une atmosphère sympathique gérée par des doyennes. Quand on passe du côté du Pôle, c'est un autre monde, un milieu glacial autant du point de vue météorologique que de l'ambiance générale. Dans ce monde qui n'est pas le sien, elle qui a l'habitude de son musée et de la bibliothèque, elle va découvrir l'univers des apparences.
On décèle dans ce roman un univers global inégal où, c'est les animistes, habitants d'Anima, une seule famille semble régir l'arche. Il n'en est pas de même au Pôle où les familles se divisent : les Mirages, les Dragons, les Nihilistes, etc. D'un côté on a un esprit familial, de l'autre un esprit de rivalité. Toutefois chaque arche semble avoir un maillon commun dans la hiérarchie : l'esprit de famille. A ce sujet, on peut s'étonner de retrouver le nom d'Artémis. On n'apprend pas grand chose de ces esprits de famille mais on devine aisément qu'ils sont au centre même de l'intrigue du roman, qu'ils ont leur importance propre. A ce stade de la saga, on a l'impression d'en savoir très peu et trop en même même sur ces esprits de famille.
L'auteur retranscrit bien l'ambiance qu'elle veut voir régner sur l'univers qu'elle décrit. La citacielle nous apparaît tour à tour impressionnante, terrifiante, labyrinthesque, le tout aidé par l'illustration incroyable qui figure en première de couverture. Dans cette citacielle où il est si facile de se perdre et de faire de mauvaises rencontres, on commence à voir l'un des premiers thèmes de cette saga : la vie de cour.
Avant d'aborder la vie de cours, il faut savoir que cette saga semble se prendre place après l'existence d'une planète qui ressemble à la Terre, donc dans un monde imaginaire pseudo-apocalyptique – c'est une hypothèse, pour l'instant. Sachant ça, il est étrange de reconstruire l'univers de la cour, univers que nous, petits terriens, avions déjà abandonné sur notre planète parce qu'on avait bien vu que ça craignait un maximum. Mais soit ! C'est une fiction, on est là pour ce distraire. On arrive donc dans un milieu codifié où les puissants se font servir par des valets, des dames de compagnie etc. Dans ce milieu, les apparences prennent une signification réelle avec l'attribution d'un pouvoir particulier qui en créer, qui permet de contrôle tout un tas de chose, en passant de l'esprit humain à la création de décors réaliste mais faux.
En parlant de pouvoir, Ophélie n'est donc pas la seule à en posséder. C'est même monnaie courante et ceux-ci suivent les cases générées par le système de famille. Par exemple, sur Anima, arche du patrimoine, on va trouver des pouvoirs liés aux archives. Chez les mirages, des pouvoirs liés à l'illusion, chez d'autres, le pouvoir de contre-carrer les dîtes-illusions ou encore infliger mentalement une douleur mentale et physique à autrui, avoir une mémoire incroyable etc.
Ce qui est intéressant dans la thématique de l'illusion dans ce roman, c'est qu'elle est exploitée jusqu'au bout : illusion symbolique, pourvoir d'illusion et illusion en temps que tromperie par le travestissement. On a donc un personnage qui apprend les codes de la cour et change de genre en changeant de vêtements. Le phénomène de transcendance est quelque chose qui se démarque dans ce premier tome, sans pour autant être original, le changement de genre étant pour mieux se cacher.
Se cacher, c'était l'idée de base pour Ophélie une fois en territoire inconnue. C'est une étrangère, avec des coutumes et un accent différent, elle serait donc trop repérable. La thématique de l'étranger est un aspect du roman qui est très plaisant car au lieu d'avoir des personnages étrangers vouer à servir autrui, on en a d'autre déjà qui précèdent Ophélie et ont fait leur petit bonhomme de chemin, se sont élevés. Cet aspect est clairement encourageant pour la suite de la saga.
Mais les étrangers ne sont pas les seuls à se démarquer. Christelle Dabos nous fourmis une belle brochette de personnages haut-en-couleurs telle qu'Archibal, le riche ambassadeur qui met toutes les femmes qu'il désir dans son lit, le grand-oncle d'Ophélie qui fait office de figure paternelle, Agathe, la sœur d'Ophélie qui adore a mode, le maquillage etc, on a Freyja, la méchante sœur du fiancé d'Ophélie et aussi la figure du fiancé froid, qu'on aime pas et qu'on prévoit pas d'aimer. En somme les personnages répondent à un certain nombre de lieu commun, qui, d'un côté ajoute du comique aux événements mais d'un autre sont irritants car des du vu et revu.
A propos des fiancés, on ne peut pas dire qui a le dessus, ça varie. C'est un point également appréciable. En revanche, on voit bien que le fiancé d'Ophélie jouit déjà d'un rang et d'un respect supérieurs à Ophélie qu'on voit, elle, comme une petite chose fragile qu'il faut protéger. Typiquement les mécanismes du patriarcat et ça, c'est énervant. Cette sauce là, on l'a déjà mangé, on en mange tout les jours que ce soit dans la fiction ou non. Toutefois cette tendance amorce une inversion vers la fin du livre qui laisse espérer qu'on aura l'occasion de voir un personnage principal féminin et indépendant qui saura couper court aux manipulations dont elle fait l'objet.
C'est assez visible il me semble, quelques petites détails sont chiffonnant dans ce premier tome. Néanmoins, ce premier roman de Christelle Dabos se lit tout seul, avec des mots simples qui sait tout de même apporter du vocabulaire particulier par petits touches. Il faut le souligner car c'est quelque chose d'extrêmement appréciable, dans un roman, de pouvoir apprendre de nouveaux mots.
Un autre point qui a fait débat sur d'autres critiques, c'est les potentielles références à Harry Potter. Es-ce que ça dérange ou non ? Les escaliers qui bougent, la possibilité de remonter la mémoire à la manière de la pensine, c'est du déjà vu chez J.K. Rowling mais pourquoi pas, des clins d'oeil peuvent être fait, de toute manière, pour créer on a bien souvent besoin de source d'inspiration. Si dans le prochain tome les références venaient à se multiplier, s'inspirant de certaines choses pour en faire la même chose dans sa propre œuvre, ça deviendrait problématique. En revanche, s'inspirer d'une chose pour en faire quelque chose de nouveau telle que lire la mémoire des objets et non des personnes, on entre dans une proposition intéressante.
Concluons cette chronique sur ces bons mots : La Passe-miroir est un premier tome qui se lit très facilement avec des chapitres relativement courts. On ne voit pas passer les presque 600 pages, ce n'est pas peut dire. Il ne fait pas figure d'exception dans la littérature jeunesse mais le tome 2, Les Disparus du Clairdelune, sera lu avec plaisir.
NOW___LOVATIC
7
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le 28 nov. 2016

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