Bienvenue au Pôle!
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le 14 nov. 2013
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Les fiancés de l'hiver est le premier tome de la série La Passe-Miroir écrite par Christelle Dabos. C'est un roman que je classerai à mi-chemin entre la fantasy (au sens le plus large) et la romance (encore balbutiante ici).
En bref : Ophélie vit tranquillement avec sa famille sur son Arche : un bout de la Terre, fracassée dans un grand cataclysme il y a longtemps en centaines de morceaux flottants.
Elle dispose de deux talents familiaux pour seules armes le jour où les matrones de la famille décident de la marier à Thorn, un puissant et taciturne bureaucrate d'une autre Arche, le Pôle rien que ça.
La capacité de lire le passé des objets et celle de traverser les miroirs sont cependant peut utiles quand on débarque dans un ruche flottante emplies de complots, où tout le monde la déteste - par principe - et où des illusions magnifique déguisent une société répugnante ou chacun est prêt au meurtre pour acquérir plus de pouvoir...
On m'avait vendu ce livre - mal - comme une excellente romance. Je n'ai fini par m'y mettre que quand ma sœur m'en a parlé avec enthousiasme. Pourtant, à la lecture du quatrième de couverture, je voyais déjà venir à dix kilomètres le scénario classique de la jeune fille un peu excentrique qui rencontre un simili-prince en terre étrangère. Comme d'habitude, mes préjugés ont eut raison de moi. Moralité, j'aurais du faire confiance à ma petite sœur
Tout d'abord, la romance est étonnamment peu présente. Enfin pas au sens habituel. Et pas spécialement avec l'héroïne. Mais probablement que pour ce premier tome. Je m'explique : à moins d'un syndrome de Stockholm ou que les deux personnes en question aient vraiment un charisme de malade, deux inconnus que tout oppose, catapultés dans un galère ensemble ne tombent pas immédiatement amoureux. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'au début entre Ophélie et Thorn l'ambiance est glaciale. Il faut dire qu'Ophélie est vraiment d'une maladresse crasse, et du genre à garder son opinion dans un silence inconfortable. Quant à Thorn, c'est le genre grand dadais sec de physique comme de caractère avec toujours un œil sur sa montre, prêt à retourner à ses importantes responsabilités. Au final, l'auteur prend bien son temps pour développer leur relation, et si ça dure et que ça semble souvent compliqué, au moins le tout ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe !
Passons maintenant à l'univers à proprement parler. Mme Dabos a su préserver une solide couche de son mystère quand elle nous a introduit les principaux éléments qui parsemaient son monde. Tout d'abord, il y a les "esprits de familles", survivant de l'apocalypse dont on sait très peu de choses. Au nombre d'un par Arche, ils font quasiment office de dieux avec leurs pouvoirs et leur charisme... en dépit du peu de cas dont ils semblent faire de leurs descendants.
Ensuite il y a les pouvoirs à proprement parler. Si Ophélie utilise assez peu les siens, c'est surement parce que son personnage est encore à un stade où elle manque encore de confiance en elle (plus pour longtemps !). Cependant entre les illusions complexes, les "griffes" de sa belle-famille capable de blesser les gens à distances, les pouvoirs de manipulations, d'animation des objets et j'en passe... il y en a une sacrée tartine, et on nous en révèle juste assez pour nous vendre le concept sans tout dévoiler. Quand même on nous balance dès le début une histoire d'écharpe-golem, l'air de rien, comme ça, moi ça m'intrigue...
La première partie du roman est somme toute assez lente. On a définitivement affaire à un tome d'introduction qui prend son temps pour planter le décors et les personnages. Notamment, Ophélie est très effacée au début. Heureusement (!) elle est victime de ce que j'appellerai la malédiction du raton laveur. Elle en prend, au propre comme au figuré plein la poire ce qui contribue pas mal à son capital sympathie.
Malgré cette petite réserve, j'ai beaucoup aimé les personnages. Au milieu de tous les complots, les intrigues et les méchancetés gratuites, on pourrait s'attendre à retrouver des rebutants poncifs du genre comme : "tous les nobles sont des méchants", "en vrais les pauvres sont les gentils exploités", "la belle-mère est une co...asse"... Et bien en fait, oui il y a beaucoup d'enflure parmi la noblesse, oui certains humbles serviteurs sont sympathiques et le personnage de Berenilde (la tante de Thorn) joue bien le rôle de marâtre la moitié du temps. Mais... pas que ! L'auteure enlève tout ce manichéisme trop facile en rendant quasiment tous ses personnages plus ambigus. On pense souvent avoir cerné leur comportement avant de se rendre compte que finalement aucun n'est tout blanc ou tout noir.
Encore une fois, ce fait allié avec la manie de l'auteur de garder bon nombre de secret en réserve, contribuent au réalisme de l'ensemble. En bonus, nous autres lecteurs nous retrouvons dans la même situation que la pauvre Ophélie, ne sachant plus vraiment sur quel pied danser. Il faut dire qu'il n'est pas toujours facile de séparer les alliés des ennemis !
En conclusion, si j'aurais aimé que le livre soit un tout petit plus rapide au début, j'ai malgré tout bien accroché. Le personnage d'Ophélie est attachant, et même d'autres plus antipathiques comme Thorn ou Berenilde se révèlent plus complexes et plus intéressants que prévu. J'ai hâte d'entamer le tome 2, surtout que la fin des fiancés de l'hiver nous laisse réellement en plein milieu de l'action. Mme Dabos, j'ai envie de vous étrangler, on n'a pas le droit de finir son livre sur autant de suspens !
Toutes mes critiques littéraires sont sur http://www.luetapprouve.org/
Créée
le 17 oct. 2017
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