Assises dans l'herbe, les jambes nues et la tête renversée pour capter le soleil d'été, peu de personne ne tolère la chatouilleuse ascension des fourmis qui courbe les poils et dérange, la plupart expédie ledit insecte d'une prodigieuse pichenette. Alors que nous avons l'habitude de les observer de haut ou de ne pas les voir du tout, Bernard Werber nous aplatit à leur hauteur en un face à face qui, al fine, va nous grandir. Il s'agit d'un livre de suspens, à double enquête qui finissent par se réunir, dans les pages duquel l'auteur fait de l'infiniment petit un infiniment grand. Par contact antennaire et quelques lâchés de phéromones nous apprenons les fourmis et nous plongeons dans un univers souterrain dont les multiples galeries tournent et tournent encore. Un livre de vulgarisation qui rend l'ingéniosité des fourmis accessible et qui se révèle être le déclencheur d'une remise en question de taille. Lorsque l'infiniment petit nous parait une immensité, nous avons le sentiment de lourde ignorance d'être passé à côté de quelque chose et nous baissons les yeux sur nos pieds, les soulevons pour regarder sur quoi ils marchent avec un soudain intérêt.
Adieu, prodigieuse pichenette.