On tombe, je trouve, un peu dans les travers du roman monde avec ce Dostoïevski, 900 pages d'intrigues, de rebondissements, d'histoires dans l'histoire, de considérations sur la religion, forcément on échappe pas à une certaine lourdeur.
C'est pareil dans les Misérables, ces romans qui se veulent comme une fresque de personnages, une histoire qui, a elle seule, se veut le reflet d'un siècle entier. Mais si Hugo nous saoulait par moment avec des descriptions à n'en plus finir ( en gros, il faut te taper une description de 50 pages de chaque lieu où Jean Valjean atterrie) , elles n'en avaient pas moins une utilité, ça contribuait à faire des Misérables un roman total, une fresque épique... Ici, on se demande l'utilité de certain chapitre parce qu'ils ne servent pas vraiment l'intrigue principale qui fait de ces Frères Karamazov, un roman policier... Les passages sur l'Iliouchetchka et son père, quel rapport avec l'intrigue principale ? Lise, la fille de Catherine à quoi sert-elle ? On s'en fout un peu d'elle. Et cet ensemble de sous intrigues disloque le récit je trouve, de sorte qu'en ayant fini le livre, on a du mal à en avoir une idée claire, parce que ça ne forme pas un tout. On a les histoires des uns et des autres mais pas une seule histoire... Du coup, on se trouve avec un roman un peu barbant et qui manque un peu de cohérence.
Dans Crime et Châtiment, tout gravitait autour du personnage de Raskolnikov et on se retrouvait pas avec plein de personnages dont on se demande un peu ce qu'ils foutent là...Alors, je me rend compte que l'ambition est plus grande ici, on est dans un portrait de la Russie du XIXième mais Dostoïevski, s'il a cette capacité à sonder l'âme humaine comme peu d'écrivain, n'a pas le talent d'Hugo pour écrire ce genre de roman total.
Il faut aussi se taper des dissertations sur Dieu, le "si Dieu n'existe pas alors tout est permis", on y a droit à toutes les sauces...A la longue, c'est chiant ! Mais bon, on voit bien ce qu'est la religion chrétienne avec Dostoïevski, il faudrait souffrir pour tout, avoir honte de tout, pitié pour tout... Etre un faible en gros.
La fin vire aussi trop au larmoyant, au pathos, ça chiale beaucoup trop.
Déçu donc, c'est loin d'être mauvais bien évidemment et j'ai globalement pris du plaisir à le lire mais je préfère largement ses personnages comme Raskolnikov ou celui des Carnets du sous sol, avec eux, on est pas dans la moral, ils s'en foutent et on va au delà du bien et du mal.