Les Frontières de l'infini - La Saga Vorkosigan, tome 8 par Norad

Par où commencer ? Suis-je même capable, ou simplement digne de critiquer ce livre ? Donner une note en étoile à ce recueil de trois récits me semble presque déplacé. 'La Création de l'Homme dans la Chapelle Sixtine, par Michel-Ange ? 18,5 : mention très bien !' - Ridicule.

Et pourtant je n'ai pas le choix. Car QUI s'arrêtera devant une couverture aussi quelconque ? QUI prêtera attention à un titre aussi générique (et pourtant ô combien porteur de sens, remis dans son contexte) ? Et surtout QUI prendra au sérieux une femme écrivain de Science-Fiction (à l'exception des plus célèbres prix de SF au monde, évidemment) ?

Trêve de machisme et foin d'hyperboles, rentrons dans le vif du sujet. Le recueil des Frontières de l'Infini prend place au sein du monumental cycle Vorkosigan. Ce dernier narre les exploits du fascinant 'Amiral' Miles Naismith, un nabot difforme et surdoué destiné à une éblouissante carrière militaire, et de sa clique de mercenaires recrutés sur un malentendu. Mais au-delà de ces personnages (tous plus attachant les uns que les autres), la force du cycle Vorkosigan est de proposer un univers - une sorte de futur galactique lointain, où les différences culturelles de notre époque sont exacerbées - d'une richesse et d'une crédibilité unique en son genre (celui du space opera, dès fois que vous vous poseriez la question).

Et bien que cette saga d'une dizaine de tomes se déroule sur plus d'une cinquantaine d'années (voir plusieurs siècles en comptant le spin-off 'Falling Free' / Opération Cay en français), pas d'inquiétude à avoir : Les Frontières de l'Infini, qui se déroule en plein milieu de la série, en constitue l'introduction parfaite.

Y sont narrées trois missions de Miles...

Dans les Montagnes du deuil, Bujold présente à merveille les infirmités et les talents de son personnage principal ainsi que la cruelle beauté de sa planète natale Barrayar. Les thèmes de l'éducation, de la superstition et de la tolérance s'y nouent dans une enquête touchante d'humanité.

Le récit Labyrinthe, quant à lui, se déroule dans l'ensemble de Jackson, eaux troubles de la galaxie où la moralité n'a pas cours en bourse. Le clonage et autres expériences génétiques y sont monnaies courantes... Et l'intrigue démontre une admirable maîtrise du contre-pied.

Enfin le recueil explose avec le récit qui donne son titre au recueil : Les Frontières de l'Infini, où Miles Vorkosigan est fait prisonnier d'un dôme Cetagandan. Sous ce gigantesque champ de force d'un blanc laiteux, il n'y a pas le moindre garde, les prisonniers y sont simplement entassés, et les rations leurs sont livrés en tas à des heures totalement aléatoires afin de flouer la notion du temps. C'est au cœur de cet environnement extrêmement oppressant (et incroyablement bien dépeint) que Miles étalera ses nombreuses ressources et repoussera les Frontières de l'Infini.

Il ne faut pas s'arrêter aux allures légères des aventures de Miles Naismith / Vorkosigan. Avec son cycle et ce recueil, Bujold prouve que de la littérature de science-fiction sérieuse, abordant des thèmes graves et des situations moralement complexes, n'a pas l'obligation d'être austère à la lecture. Oui, vous aurez souvent honte d'éprouver un tel plaisir à lire ces récits. Vous vous sentirez peut-être même sale. Mais ça n'ôtera jamais rien à leur noblesse. Redressez la tête, et marchez à mes côtés.

Notre jour viendra.
Norad
10
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le 8 oct. 2010

Critique lue 264 fois

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Norad

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