Comme a dit la Présidente de Tourvel au Vicomte de Valmont (dans Les Liaisons Dangereuses): « dans le moment même où vous croyez faire l’apologie de l’amour, que faites-vous au contraire, que m’en montrer les orages redoutables ? ». Et effectivement après une lecture pareille « je suis si persuadée qu’il me rendrait malheureuse, que je voudrais n’entendre jamais prononcer son nom ». Mais ce nom n’est pas celui d’amour, c’est juste celui de passion. Et je suis persuadée que l’amour peut être autre chose que la passion, et encore heureux !
Quoi qu’il en soit, je ne suis visiblement pas une grande fan de ce livre. Même si pendant un moment j’ai considéré que je l’aimais beaucoup parce que le fait de le détester m’avait appris beaucoup de choses sur moi et donc que quelque part il m’avait apporté beaucoup et beaucoup compté. Mais en fait je ne l’aime pas. Si le monde se divisait en deux, je serais dans le côté de ceux qui ne l’aiment pas, c’est indéniable. Je ne serais pas du côté de ceux qui pensent que l’amour ressemble à ça : « Que m’importerait ce que vous souffririez ! Vos souffrances me sont indifférentes. Pourquoi ne souffririez-vous pas ? Je souffre bien, moi ! ». Ca me fait penser à un passage dans Private Practice ou Addison raconte à son psy un conte à propos d’une princesse qui est forcée de choisir entre voir son fiancé mangé par un tigre ou heureux avec une autre. Moi aussi je pense que la Princesse ne choisit pas le tigre. Et je pense que l’amour c’est vouloir que l’autre personne soit heureuse. Et maintenant je pense à la Reine des Neiges… A vrai dire en 2nde j'ai lu les Hauts de Hurlevent dans la baignoire alors maintenant mon exemplaire est tout abimé, au point qu’on dirait que je l’ai lu un milliers de fois. Et ça m’embête assez, parce que c’est bien un livre pour lequel je ne voudrais pas qu’on s’imagine que je suis le genre de personne qui l'a lu un millier de fois !
La vérité c’est que je l’ai quand même lu trois fois. Mais c’est juste parce que je n’avais pas réussi à tout comprendre à la 1ère lecture et que j’en gardais une idée vraiment imprécise. (La 3ème fois c’était juste pour m’assurer que vraiment je ne l’aimais pas et pour récolter matière à écrire cette critique.) Si vous comptez le lire, ça peut être utile avant de commencer de savoir que Nelly est le diminutif d’Hélène et Cathy le diminutif de Catherine. Ce qui pourrait aussi être utile c’est de ne pas trop entrecouper la lecture. Vraiment, le passage le plus drôle du livre est dans la préface : « Le récit de Nelly n’est pas le seul, puisque d’autres récits s’y intercalent [….] selon la technique classique du « tiroir », ou de la « mise en abysse » […]. Emily Brontë l’utilise avec une audace, une habileté telles que nous n’avons aucune peine à suivre les différents récits, et la convention par laquelle nous avons l’impression d’écouter un dialogue « en situation », alors qu’il est en réalité rapporté dans un second et troisième récit, ne gêne en rien la compréhension de l’histoire ». Je n’arrive toujours pas à savoir si celle qui a écrit ça est hypocrite ou si ce sont mes facultés cognitives (ou d'attention simplement, secondées par mon manque d'intérêt) qui ont un problème. Effectivement ça peut être compréhensible, si on lit en une fois ou que l’on se souvient dans quelle imbrication on s’est arrêtés. Si on ne s’embrouille pas dans les noms des personnages ou entre les personnages des différentes générations qui coexistent et portent les mêmes prénoms. Et en plus la dernière partie de récit de Nelly parle du futur, enfin d’un moment plus éloigné que le temps auquel elle a commencé à raconter toute l’histoire, ce qui bien sur facilite grandement les choses.
Sinon, je pense que le livre est assez-bien résumé par ce que dit Heatcliff à Catherine « Je ne vous ai pas brisé le cœur, c’est vous-même qui l’avez brisé ; et en le brisant vous avez brisé le mien. » et j’adore le passage où Catherine parle avec Nelly de son mariage avec Edgard Linton. Même si quelque part j’arrive à la comprendre (surtout dans le contexte, et comprendre est loin d'être approuver), je crois que quelque part je lui en veux moins d’avoir fait ce choix que de ne pas s’y être tenue entièrement. Mais de toute façon je ne me sens pas concernée parce que je ne comprends pas pourquoi elle aime Heatcliff, si ce n’est parce qu’elle voit du mauvais en lui comme il y en a en elle. D’un côté j’aime bien Isabelle mais c’est probablement parce qu’elle se berce d’illusions. Non mais vraiment, qu’ils tombent tous amoureux de gens gentils et il y aurait beaucoup moins de problèmes ! La passion ça donne ça ! Et ça ça ne donne pas envie. Et la boucle est bouclée.