Style agréable à la lecture, il n'a pas trop mal vieilli.
Genre baroque bien trop édulcoré, surtout vers la fin. Cependant et compte tenu de l'époque victorienne je pense que ce livre a du faire frémir plus d'un lecteur contemporain. L'histoire en tant que telle a, par contre, pris un coup avec les années et je ne conseillerais ce livre qu'à des lecteurs ayant un peu de connaissances historiques sur l’Angleterre du 19ème, sous peine de ne pas comprendre les réactions des personnages.
Le deuxième tiers m'a été particulièrement douloureux à lire puisque, connaissant la fin du récit dès les premières pages, j'ai trouvé l'histoire de Nelly très lente, avec une mise en abyme des narrateurs bien trop systématique. De même, l'idée de partir d'une situation présente et d'expliquer comment elle est arrivée enlève tout type de suspense et, de ce fait, il n'y en a pas l'ombre d'un seul dans ce livre.
J'accorde cependant un point bonus pour la fin qui est, à sa façon, un trait de génie et un défaut du livre, excusable à cause de son époque. C'est à dire que la fin est tout à fait dans les bonnes mœurs, chrétienne au possible.
Preuve en est la réaction de Joseph à la mort d'Heathcliff. Quelque chose comme "le monstre est mort, le domaine revient à ses véritables propriétaire". C'est à dire que le mal est puni sans qu'il en reste de conséquence et que, au vu des conditions de sa mort, il s'agit presque de l'oeuvre de Dieu. (Heathcliff libéré de sa volonté à faire du mal et donc, sans but, se laisse quasiment mourir pour rejoindre Catherine, blabla)
De plus, je suis intimement convaincue qu'il y a un parallélisme assez poétique entre Heathcliff et Hareton mais peut-être est-ce tellement évident que j'enfonce une porte ouverte.
Le premier a aimé une femme mauvaise et le second, une bonne fille qui a su l'aimer en retour. C'est à la vu de ce couple heureux que le mal du démon commence, ce qui n'est sûrement pas pour rien. De même, si Cathy avait été aussi égoïste et vilaine que sa mère, Hareton aurait fini comme Heathcliff.
C'est donc à la fois ces 50 dernières pages qui ternissent l'ambiance baroque relativement bien géré dans le livre mais qui, en même temps, donnent du sens à ce récit. Quand bien même, certaines longueurs peuvent rebuter le lecteur et l'empêcher d’accéder à la fin, ce pourquoi je ne laisse jamais un bon final pardonner complètement les défauts de son milieu.