Un bouquin très court (188 pages), qui vient en quatrième position dans le cycle de Majipoor, à la suite de la trilogie consacrée à Lord Valentin. Publié en 1995, c'est à dire 12 ans après que Silverberg ait clôturé la dite trilogie et écrit quantité d'autres choses entretemps. Une sorte de remise en route, si l'on veut, et qui va préfigurer, seulement deux ans plus tard, le cycle de Prestimion. Dédiée à l'un de ses éditeur, dédicace qui indique peut-être des préoccupations alimentaires.
Les montagnes de Majipoor se déroule en fait plusieurs siècles après le règne de Lord Valentin, alors que la trilogie de Prestimion sera chronologiquement située bien avant celui-ci. Une sorte de bref voyage dans le futur, si l'on veut, ou alors la tentative d'un auteur qui a décidé de redémarrer Majipoor, mais ne sait pas encore très bien par quel bout le prendre. On l'en excusera d'ailleurs bien volontiers, car Majipoor, vaste planète, offre de très larges possibilités. Quoiqu'il en soit Silverberg n'a en 1995 rien perdu de son talent de conteur, et nous offre une bien curieuse histoire. Une sorte de conte moral, qui n'est pas par moment sans rappeler Voltaire ou Montesquieu.
Voyez plutôt : le prince Harpirias, de haute lignée, mais en disgrâce au Château se morfond dans ses fonctions administratives, qu'il exerce dans une ville de province à des milliers de lieux de la cour. Lorsqu'il est envoyé dans le grand nord, avec la mission de ramener des prisonniers retenus dans une tribu de barbares arriérés. Autant dire qu'il y a va à reculons et avec en tête tous les préjugés que peut avoir un nobliau de son espèce, habitué au faste et au raffinement du Mont du Château. Il y découvrira le caractère relatif des us et des choses et en retirera une forme d'accomplissement, dont il prendra conscience qu'elle a plus de valeur que la vie de courtisan qu'il a mené jusqu'alors. Un conte moral, vous dis-je, et que la plume de Silverberg rend agréable à la lecture.