Deux uniformes, un pensionnat, zéro souvenir

Les Nocturnes est une perle rafraîchissante dans le monde de la littérature pour jeunes adultes. Après un premier roman plein de bonnes idées mais peinant à convaincre entièrement, Tess Corsac revient avec ce deuxième roman qui est à mes yeux celui de la maturité.


On y suit Natt Käfig, pensionnaire de l'institut de la Croix d'If, un monde en vase clos dans lequel deux groupes de 125 pensionnaires à peine majeurs, les Rouges et les Verts, passent leurs journées depuis quatre ans. Sans contact avec l'extérieur et sans souvenirs de leur vie avant l'Institut, encadrés étroitement par des équipes médicales et professorales, les cours qu'ils suivent semblent les vouer à une "réinsertion". Mais pourquoi sont-ils là ? Qui étaient-ils avant de venir à l'institut ? Une forme de résistance souterraine s'organise pour tenter de répondre à ces questions, opérant adroitement dans les angles morts des caméras de surveillance. Mais chercher des réponses pourrait bien mener à une situation pire encore que l'ignorance...


J'ai été happé avec plaisir par le micromonde de la Croix d’If. J'ai été impressionné par la cohérence et la plausibilité des actions, par les personnages débrouillards sans être des génies, et par le lieu atypique mais crédible et vivant. Des actions simples mais chargées de sens, plusieurs niveaux de lecture, un style fluide qui n'a pas besoin de s'étaler longuement pour créer une atmosphère : le roman se dévore en quelques heures. Sa force réside dans un mélange de concision évocatrice et de fuite en avant haletante. Quelques mots et quelques répliques suffisent pour créer des personnages consistants, et sans verser dans le manichéisme ou la caricature. En termes de structure narrative, le roman trouve son équilibre entre tension psychologique, dialogues inspirés et scènes d’action, tout en les insérant habilement dans le récit. Les réponses que cherchent les Nocturnes sont révélées au compte-goutte et chaque nouvel élément relance l'histoire, entretenant le suspense jusqu'au dénouement. Avec en toile de fond un questionnement poussé sur le rapport entre identité et amnésie qui laisse songeur... Vaut-il mieux chercher à oublier ce qui nous fait de la peine ou apprendre à vivre avec ? Chacun est libre de son choix.


Bref, Les Nocturnes est un savoureux alliage de maîtrise du suspens, d'atmosphère claire-obscure et de questions philosophiques. Je ne peux que recommander chaudement la lecture !

ChevalierPetaud
9
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le 7 avr. 2019

Critique lue 148 fois

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