Oeuvre perverse, pornographique. Pourtant, force est de constater que le livre accroche le lecteur, qui, tout en se repaissant des souffrances et déviances de ses personnages détruits par l'éclatement des cadres de la société traditionnelle, trouve dans le livre des réflexions politiques, philosophiques, scientifiques passionnantes. Je m'étonne d'ailleurs que ce livre ait pu bénéficier d'un tel accueil critique, alors que les idées qu'il véhicule sont clairement opposées à celles de notre époque (voir les réflexions sur les féministes ou l'islam par exemple). Difficile de comprendre comment la critique, par définition opposée aux idées véhiculées par le livre, a pu lui faire si bon accueil. Peut-être n'a-t-elle retenu que la pornographie, omniprésente.
Quoi qu'il en soit, la description voyeuriste de cette société vide de sens, de valeurs, et lubrique, provoque chez le lecteur un épouvantable malaise. Au point que j'ai été sur le point de jeter le livre. Je n'avais pas connu ça depuis là-bas, de Huysmans (je pense notamment la description des orgies sanglantes des sortes de hippies). La comparaison ferait probablement plaisir à l'auteur. Ce sentiment de malaise, aussi désagréable soit-il, est le point fort du livre, comme de tous ceux que j'ai lus de l'auteur. Parce que savoir créer une atmosphère inspirant, chez le lecteur, une émotion, c'est déjà une réussite. Je serais tenté de mettre un note bien inférieure, à cause de l'immoralité de l'oeuvre, dont la lecture m'a profondément dégoûté, et mis en colère, mais une oeuvre, quand elle veut poser des questions au lecteur, doit parfois ne pas être agréable. Par contre, je ne mets pas plus, à cause des nombreux passages pornographiques qui auraient pu être évités sans trop altérer l'atmosphère dégagée par l'oeuvre.