Max et les maximonstres dans un jardin public se désinnhibent nonchalamment pour laisser libre-cours à leurs pensées les plus incestueuses. Entre frères et soeurs, les personnages de Michel Houellebecq forniquent joyeusement dans un parterre défraîchi par les restes fumants d'une civilisation effondrée. Grand nostalgique dans l'âme, l'auteur se fait passeur d'un rejet du soixante-huitardisme et de son irresponsabilité globale.

Bruno et Michel sont deux frères : jusque-là, rien d'anormal. Seulement, tous deux ont deux destins bien différents puisqu'ils sont nés de deux pères bien distincts. Le premier obèse, brimé et frustré, le deuxième aimé, doué mais finalement rattrapé par la vie ; les deux forment un couple en contraste réciproque qui permet à chacun de verser un peu de sa personnalité sur l'autre pour l'inspirer. De la quête du bonheur par chacun, souvent charnelle pour Bruno, et froidement intellectuelle pour Michel, naît des situations truculentes tant elles sont crues et objectives. L'objectif du narrateur est tel que l'émotion est réelle, et qu'on vit nos expériences à travers celles des deux frères. Bruno, à la fois le plus rustre et le plus « humain » des deux, en devient même attachant.

Littéralement excité que je fus, je dois l'avouer, par ces délectables mots pénétrant mes orbites pour ruisseler à travers mon cerveau et le faire tour à tour frémir et frétiller de délectation. Les mots font mouche et sonnent à l'oreille comme s'ils avaient été inventés pour le bouquin. Pas de style bien calibré et d'affection pour un registre particulier ici. Tout est fait pour surprendre le lecteur dans le sens du poil, afin de le hérisser quand il s'y attend le moins. De l'imprévu naît la jouissance, l'endorphine à son paroxysme, il est fin prêt à déguster comme il se doit ce mets d'excellence où le cynisme, l'incrédulité et un fond de tiroir pessimiste se côtoient et enfin partouzent joyeusement jusqu'à épuisement de la matière lexicale.
Adrast
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le 15 déc. 2010

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