La féodalité au temps des cathédrales...

"Les Piliers de la Terre", c'est l'ultime représentant de la littérature de gare dans la division roman historique, à ceci près que le livre dépasse allègrement les 1000 pages (idéal pour un périple à bord du Transsibérien donc). Entendons nous bien, "roman de gare" n'a rien de péjoratif pour moi, j'en suis friand.

Les piliers de la Terre est un roman historique situé à une époque sombre pour le royaume d'Angleterre, ce trop fameux XIIème siècle où la féodalité introduite tardivement par Guillaume le conquérant atteint son paroxysme dans les luttes intestines entre les seigneurs et l'Eglise, jalouse de ses privilèges... Rajoutez par dessus tout ça une crise dynastique et vous avez un contexte d'ors et déjà puissamment évocateur... Mêlant la grande Histoire à son scénario, Ken Follet situe son intrigue à Kingsbridge, prieuré inventé de toutes pièces, qui rapidement, devra se doter d'une cathédrale...

La force principale des "Piliers de la Terre" est de dresser une galerie de personnages, détestables ou attachants à dessein, tous mûs par des motivations bien spécifiques tout le long d'une fresque où les années passant, la fortune change de camp. Le lecteur est irrésistiblement ferré, on ne peut s'empêcher de tourner les pages pour savoir ce qui va leur arriver.

La seconde force de ce roman est de s'appuyer sur une connaissance historique aboutie du modèle féodal de l'époque, que ce soit au niveau de la politique, de l'économie et de l'organisation sociale. Il n'y a globalement rien à reprocher à Follet sur ce point qui met en musique une communauté entière de moines et paysans, le prieuré de Kingsbridge, débutant dans la misère, s'enrichissant grâce à des accords ou des entourloupes, subissant la loi destructrice du seigneur voisin, repartant de plus belle... Le tout gravitant autour de l'enjeu d'une Cathédrale en construction... C'est ce qui m'a le plus entousiasmé à la lecture de ce roman.

Il n'est ensuite pas exempt de défauts. Les personnages sont certes charismatiques et fouillés, mais le clivage "vilain / gentil" est sans nuances, comme dans l'ensemble du livre de cet auteur. Leurs mentalités échappe parfois un peu leur époque, trop "humanistes" dans leurs choix. Egalement, Ken Follet se débrouille pour caser du sexe partout où c'est possible, le plus souvent de façon grotesque. Mais bon, dans ce domaine précis il a fait bien pire. Enfin, si la narration est accrocheuse, les rebondissements sont parfois un tout petit peu exagérés.

L'ensemble reste de haute volée, l'écriture est simple mais pas simpliste, avec un chapitrage parfaitement rythmé. On décroche difficilement une fois embarqué dans les aventures de Tom le Batisseur et de sa famille... Le final incluant les évènements au sein de la Cathédrale de Cantorbéry (réelle celle ci) est savoureux pour toute personnes intéressée par l'Histoire médiévale...

Le seul problème de cette lecture au long cours, c'est qu'elle a une fin... On se sent presque orphelin la dernière page tournée.

Et puis un jour, "Un monde sans fin" sort en librairie ! Une suite ! Chouette ! Je bondis... Une lecture qui se révèlera être un désastre : http://www.senscritique.com/livre/un-monde-sans-fin/385123968598770/critique/hyperion/
Hypérion
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le 1 déc. 2011

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Hypérion

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