La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien

Paru sous forme de feuilleton dans un mensuel japonais, entre 1964 et 1968, Les pissenlits raconte l'internement d'Inéko, qui souffre de cécité partielle.
En rentrant de l'hôpital psychiatrique, la mère et le fiancé de sa fille traversent un champ de pissenlits.
Sur le chemin, il se livrent un dialogue absurde. La mère se persuade d'avoir eu raison de laisser sa fille aux médecins, tandis qu'Hisano, le fiancé, clame que seul son amour peut la sauver. Tout en affûtant leurs arguments, ils s'arrêtent dans une auberge pour retourner voir Inéko le lendemain.

L'hôpital psychiatrique, juché sur une colline, a été construit dans l'enceinte d'un temple, et les malades sont autorisés à faire sonner la cloche. Une cloche qui mène le rythme du texte en stoppant la mère et Hisano dans leurs échanges, et en les ramenant à Inéko, abandonnée parmi les fous.
Entre ce dialogue ininterrompu et surréaliste, Kawabata laisse entrevoir la source du mal en quelques flashbacks : la mort tragique du Père, dont le fantôme plane sur tout le roman.

L'absence et l'abandon, Kawabata les a vécus très tôt, en perdant successivement toute sa famille, pour se retrouver seul à l'âge de 15 ans. Au Japon, le blanc est synonyme de deuil. Dans le roman, il est présent partout, sur une souris, un pissenlit, autour des personnages, comme si le texte entier était recouvert d'un voile. Un voile qui remet sans cesse en question la vie et la mort.
Tout en sensibilité est finesse, Kawabata relève l'importance du regard que l'on porte sur les choses, et en particulier les personnes que l'on aime.
Mei-mei
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le 1 mai 2012

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