Le monde développé par Pierre Bordage dans Wang semble cohérent et est en même temps très exotique. Des asiatiques de la République Populaire Sino-Russe sont massés en Europe de l'Est. Les pays scandinaves ont été ravagés par le tyran Igor Vladeski au cours du siècle précédent, tandis que la zone ukrainienne a, elle, été dévastée par le dragon nucléaire. L'Occident s'est replié sur lui-même après l'accession au pouvoir des gouvernements nationalistes ; il a alors enclenché un processus d'épuration parfois direct (renvoi des immigrés à la frontière), parfois indirect (soutien des fanatiques islamiques pour provoquer l'exode des afro-américains vers la G.N.I), et a démantelé les corporations jugées trop puissantes. Puis, pour parer à toute menace, il a dressé un rideau électromagnétique infranchissable qui englobe l'Europe de l'Est, une bonne partie de l'Amérique du Nord, et qui fait un crochet par la Grèce et Israël qui ne sont pas passées loin de rester sur le carreau. La France, a l'origine du rideau, a alors pris la tête des nations occidentales, a imposé sa langue au premier monde et l'a subrepticement exportée dans le deuxième ; mais cette situation n'est pas du goût de l'axe anglophone, toujours empreint de l'idéologie capitaliste et nostalgique de son passé hégémonique.
Personnellement, c'est cet aspect géopolitique qui m'a le plus plu !
Après, l'histoire reste très intéressante, et Wang est un personnage attachant. Les Jeux Uchroniques sont l'occasion d'introduire des scènes d'action bien ficelées, même s'il est difficile de croire qu'une compétition internationale aussi inéquitable puisse un jour avoir lieu. Les frais sont à la charge des pays, les armées n'ont pas le même équipement, la corruption va bon train... C'est ce qu'il me semble le moins crédible. Blizzard est parvenu à équilibrer trois factions et ça a donné Starcraft 2, un jeu bien dosé ; le comité des J.U. essaye de faire croire qu'il peut doser équitablement deux armées tous les deux ans, mais on voit bien que c'est du flan. Ce genre de compétition est fort peu crédible. Cela dit, il n'y a qu'à suspendre son incrédulité un chouïa et sa passe !
...la suite dans la critique du tome 2 ! Après tout, l'histoire du tome 1 n'est pas vraiment indépendante, il faut avoir lu le second pour pouvoir en parler. Bref on se retrouve là-bas.
Note : je me demande si Wang s'est bien vendu à l'étranger. Après tout, ce prénom est un peu au genre masculin ce que Fanny est au genre féminin. Dans le style connoté. Cf le titre de la critique, littéralement : "bifle". Bref. Je suis déjà parti !