N'ayant jamais lu Amélie Nothomb auparavant, j'ai pourtant été attiré par ce livre en librairie à cause d'un mot, un beau mot, « épicène ». Cet adjectif assez rare dans notre langue désigne les noms qui ne varient pas selon le genre. La quatrième de couverture énigmatique, puisqu'assez courte, a fini d'éveiller mon intérêt, mais que peut-on vraiment tirer cette oeuvre ?


Des personnages évanescents


Ce roman laisse un goût d'inachevé, les personnages principaux peuvent être réduits à un ou deux traits de caractère, ainsi Dominique est crédule et docile, Épicène est vive et solitaire etc ... Les personnages secondaires, quant à eux, n'ont aucune consistance. Le plus fameux exemple est donné par les parents de Dominique, dont on ne sait absolument rien et qui ne posent pas la moindre petite question au départ de leur fille ou à son retours en compagnie d'Épicène. Ils reprennent leur vie là où ils l'avaient laissé une vingtaine d'années plus tôt sans plus d'objections.


Une intrigue creuse dans une ville fantôme


Après une demande en mariage au second rendez-vous, Dominique, qui doute de son amour pour Claude, en est finalement convaincue par un simple parfum dans un passage gênant qui a tout d'une publicité de mauvais goût pour Chanel. Dire que la littérature cherche la clé du cœur des femmes depuis toujours ... . On ne s'explique pas non plus pourquoi Claude déteste sa propre fille jusqu'à la fin du roman qu'on traverse, hagard, sans savoir où l'on va. D'autant plus que l'intrigue se situe dans un Paris fantomatique réduit à une rive, puis à l'autre. Ah Paris, cette ville magnifique avec sa boulangerie, son collège et rien d'autre ! Les révélations de Claude à la fin du roman ne suffisent pas à donner un second souffle à une intrigue qui retombe finalement comme un soufflé.


Une fausse morale pleine de bons sentiments


« Celui qui aime est toujours le plus fort », ainsi débute l'homélie de la mère Épicène qui finit par conclure, sous les yeux ébahis du lecteur à une corrélation entre problèmes de santé et manque d'amour ou désamour. Une absurdité venant après l'autre, Épicène affirme sa croyance en une justice immanente qu'elle s'empresse pourtant de remplacer avec délectation à la fin du roman, le tout en se drapant derrière une absence de préméditation comme si cela pouvait suffire à justifier son acte.


Le père cet ennemi de toujours


Si la raison pour laquelle Claude n'aime pas sa fille est, disons le, franchement risible, la haine d'Épicène envers lui semble plus justifiable lorsqu'il brise sa relation avec Samia. On aurait pourtant pu penser que ce personnage, comparé à Orphée (rien que ça !), s'empresserait de braver ce cerbère de Claude pour rejoindre son amie. Au lieu de cela notre Orphée semble boire la tasse au fond du Styx tandis qu'Épicène sombre dans les limbes en compagnie du récit.


En résumé même si l'histoire entre Reine et Claude ne compte pas pour des prunes c'est bel et bien Dominique et non Épicène qui restera la bonne poire de ce roman qui n'a de cesse d'aller aux fraises !


Les prénoms épicènes, Amélie Nothomb


Paru le 22 août 2018 chez ALBIN MICHEL


155 pages


17.50 euros


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le 18 nov. 2018

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