Je préfère parler globalement de la trilogie(Les hirondelles de Kaboul, L'attentat, Les sirènes de Bagdad), parce que chacun des romans, même indépendant, apporte un éclairage complémentaire. Chaque histoire explore l’incompréhension et le conflit entre Orient et Occident ou entre judaïsme et islam, la misère économique et intellectuelle des individus, ou le poids des traditions…. Ce sont des êtres broyés par la dictature folle des talibans à Kaboul, un homme qui part à la recherche de son passé pour comprendre le geste terroriste de sa femme à Tel Aviv, un bédouin en errance qui devient djihadiste à Bagdad.

Que l’on s’immerge en Afghanistan, en Israël ou en Irak, j’ai trouvé la même recherche de lumière humaniste de Yasmina Khadra. Certains dialogues sont didactiques, permettant d’exposer des points de vue intellectuels et certains protagonistes semblent caricaturés dans un cadre terrible. La description des territoires est précise, la compréhension des cultures est clairvoyante. L’analyse des personnages, fouillée, cherche à exprimer leur cheminement psychologique ou leur ambivalence. Chacun des livres est convaincant et effrayant ; on lit sous tension mais on se surprend à espérer.

Le constat paraît implacable : l’occident n’est moderne que parce qu’il est riche, l’orient n’est barbare que parce qu’il est pauvre. L’occident devient l’ennemi juré car il ne vient en orient que dans son intérêt et pour imposer ses propres valeurs. Pourtant, nuance… Les frontières sont poreuses et les passerelles existent. La quête de sens et de rêve pour avancer dans la vie semble être un besoin universel. Et la pauvreté matérielle et intellectuelle est un handicap majeur, partout.

L’inlassable message de Khadra est clair : écrivez, lisez, écoutez, parlez… La paix ne viendra que par des esprits éclairés et tolérants. Toute forme de fanatisme évolue vers une régression absurde de la société et annihile l’individu. « Nul n’est prophète en son pays, et personne n’est maître chez les autres ».




A lire pour rajouter une lumière dans sa tête…
Kitou_Lor
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le 7 mars 2015

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Kitou Lor

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