Ultime tome d'Ewilan, il apparaît évident qu'au moment de sa rédaction, Pierre Bottero n'avait pas encore prévu le retour de l’héroïne aux yeux violets dans sa 4ème trilogie (Le Pacte des Marchombres). C'est donc à la fois une conclusion et un adieu que nous offre ce tome. Malheureusement de nombreux défauts, plus ou moins importants, viennent se glisser dans cette dernière aventure. Je vais essayer de vous les montrer tout en soulignant les aspects particulièrement réussi.

Déjà, et une fois encore, Pierre Bottero nous offre du rêve, comme d'habitude pour moi, c'est un plaisir rare et si délicat. J'ai du mal à être objectif dessus tant ça a bercé mon adolescence. Mais vraiment, je suis un amoureux des œuvres de cet homme. Comme beaucoup de ses lecteurs, je me suis laissé happé par cet univers si fantastique qu'est Gwendalavir. Malheureusement, nous n'y sommes plus dans ce tome puisqu'Ewilan est arrivée, avec le reste de sa bande, de l'autre côté de la mer de Brume. Nous voilà donc à la découverte d'un nouveau continent.
Et c'est là une petite faiblesse du tome à mon sens, il y a un côté "explorateur" qui est pour le moins énervant et qui, pour ma part, ne m'a pas séduit. En effet, on voit trop le paysage se déplacer sous les yeux des personnages et des lecteurs. C'est l'histoire, ou plutôt, les lieux, qui narre l'aventure plus que nos amis et c'est un soucis pour moi.
La troupe d'amis est donc moins mise en avant, leur amitié moins développer, cependant elle reste présente et offre des moments de sincérité et de paix qui toucheront le lecteur. Cependant, ce n'est pas non plus parfait car plusieurs personnages sont pour les moins déplaisant. En tout cas, surtout un, Mathieu/Akiro qui semble être perdu ici. C'est à peine si on le sent motivé, uniquement attiré vers ses problèmes de cœurs avec la jolie Siam. Siam qui elle aussi à du Out of Character complet dans la dernière partie du roman. Ca peut paraître être un détail, mais de voir ainsi ces deux personnages "malmené" m'a vraiment énervé. Autant pour Siam c'est discret et ça ne la concerne que dans son ultime apparition (le reste du temps elle est un des persos les plus intéressants), autant pour Mathieu c'est rapidement gonflant surtout que ça vire à l’obsession au final !

Relativisons cependant, Pierre Bottero a fait de gros efforts pour rendre plus adultes certains personnage. Altan et Elicia sont enfin de retour et bien qu'ils paraissent des plus effacés (pire encore que Duom), ils gagnent une backing-story des plus intéressante. On voit en eux naître le "mal" qui permet de les faire descendre d'un piédestal de perfection pour les rendre, enfin, plus humain. Tous les autres personnages jouissent aussi de mise en avant de leurs conditions humaines. Salim & Ewilan compris, même si ce n'est pas assez à mon goût, trop occupés qu'ils sont par le danger. Cependant on appréciera ses moments d'humanité.
En contre-partie certaine situation sont franchement ridicule. Tout le combat final est une sorte d'énorme WTF. Car bien que se battre dans une arène à la classe, voir une dizaine de personne détruire un pays de plusieurs dizaine de milliers de personnes (voir des millions, on ne sait pas trop), ça fait un poil too much ! Et quand je dis un poil, je suis gentil ...
N'oublions pas aussi le double Deus ex Machina, procédé technique qui m'a toujours énervé au passage. Là, on l'a en double. Le retour de Maniel, qui ne dure qu'une poignée de pages avant de poursuivre sur le sacrifice ... Pas si sacrificiel que ça d'Ewilan. Quel dommage ! Toute la tension scénaristique était là. Le drame se jouait devant nos yeux. Une fille de 15 ans qui doit mourir pour sauver (encore une fois) le monde, rentrant ainsi dans la légende. Cela était si géniale, si intéressant. Au final, en à peine 1 paragraphe c'est annulé pour une fin sans intérêt ... Quel dommage !

Le retour se fait bien, l'épilogue est cohérent. Comme la découverte de ce monde malgré un côté explorateur un poil agaçant comme je disais. Une difficulté à ressentir de l'empathie est parfois là, mais à l'inverse, on sent aussi la monté de tension.
Il y a, bien évidemment, cet aspect "too much" si caractéristique des œuvres jeunesse, mais bon ... On a finit de lire Ewilan, on referme ces légendes en attendant de la voir réapparaître furtivement dans le Pacte des Marchombres.
Et malgré tout ses défauts, quand nos paupières se ferment, on voit surgir devant nous les grands yeux violets qui ont tant fait rêver Pierre Bottero.
mavhoc
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le 9 juil. 2013

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mavhoc

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