Heureusement qu'on m'a généreusement prêté le livre ! En le voyant je me souviens m'être exclamée : "Oh Bah on dirait la couverture de Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan ... " On en est très loin. En pas moins de 187 pages, l'auteur parvient à gaver le lecteur de clichés plus gros les uns que les autres, de personnages aussi consistants que des pots de yaourt, le tout agrémenté d'une écriture d'une pauvreté rare et de dialogues dont la finesse et la justesse rappellent celles d'un éléphant dans une boutique de porcelaine.


Non non et non, je ne peux pas comprendre le succès qu'à rencontré ce livre : Diane, parisienne, vient de perdre sa fille, Clara, et son époux, Colin, dans un tragique accident de voiture. Epaulée par son meilleur ami Félix (le meilleur ami gay), elle décide de partir se "ressourcer" en Irlande, dans un cottage avec vue sur la mer. Là bas, elle fait la connaissance de Edward, le ténébreux, qui se trouve être son voisin, et de la soeur de ce dernier Judith (mi-punk mi-raisin). Diane et Edward ne se comprennent pas, ne peuvent pas se voir, se balancent des insultes, mais, et je vous le donne en mille, ils finissent par se rapprocher et surtout s'aimer !


L'histoire en elle même aurait pu être pas mal. Aborder le thème du deuil, surtout quand on est psychologue clinicienne (Oui oui, l'auteur est psy) et qu'on est censé s'y connaitre un peu sur le sujet, ça pouvait donner quelque chose de consistant. Parce que Diane souffre d'un deuil pathologique, au début du moins, puisque cela fait un an qu'elle végète dans l'appartement familial en picolant, fumant (BEAUCOUP) et en mangeant. Au stade où chacun d'entre nous serait devenu obèse et aurait déclenché un cancer des poumons, Diane décide tout de même de réagir et de partir en Irlande. Le lecteur naïf peut alors se dire : "Mais oui, elle part pour ne plus souffrir, elle va se remettre en question, en plus elle choisit un coin bien paumé où personne ne vit, elle va être seule avec elle même ..." Mais non. Le deuil n'est malheureusement qu'un prétexte assez vite oublié, lorsqu'elle rencontre son voisin, pour passer à l'histoire d'amouuur. Parlerons nous du fait que Diane est propriétaire d'un café littéraire en plein Marrais, que ce café s'appelle "Les Gens Heureux Lisent et Boivent du Café", qu'elle n'y travaille plus depuis la mort de sa famille, que son associé et meilleur ami ne rentre pas d'argent et que le business est au point mort, et qu'elle trouve quand même l'argent pour partir plus de six mois en Irlande ? Oui. Mais cela n'a aucune importance dans ce chef d'oeuvre de réalisme et si on pouvait ne plus en parler à l'avenir ça serait bien ! Donc, en Irlande, rencontre avec Edward qui est "méchant" avec Diane. Il ne veut pas d'elle comme voisine et la menace quotidiennement à grands coups de "je t'attrape le poignet et je te colle au mur et je te retiens par le bras". Mais Diane riposte en se bourrant la gueule et en fumant, encore et encore, ce qui l'amène à échouer sur la plage en pleine tempête. Drama quand tu nous tiens ... Mais qui va venir la sauver d'elle même et de ce temps typiquement Irlandais ?! Pas de panique, Edward arrive, la porte dans ses bras et la couche dans son lit. On comprend alors que Edward est juste torturé et que la vie a été difficile pour lui. Il faut le comprendre, c'est pour ça qu'il agit en vrai connard psychopathe ! En parlant de l'Irlande, ne vous attendez pas à une description de la nature verdoyante et sauvage du pays, du folklore de la région, des villages ou du Pub. Franchement, ça aurait pu se passer en Bretagne que ça aurait été pareil. Et puis ne parlons pas du fait que l'auteur ne s'est encombré d'aucune difficulté : Diane parle parfaitement l'anglais et donc comprend absolument tout ! Elle n'est pas gênée par l'accent particulier des Irlandais, non. Elle est bilingue Diane et c'est puis c'est tout ! Je vous résume la suite : ils se cherchent, ils se cherchent, oh il apprend qu'elle est veuve, il devient gentil, il l'emmène sur une île qui est "son refuge" pour prendre des photos (il est photographe), il l'embrasse sur la tempe (Euh, il y a deux pages il était prêt à lui casser les dents !!), ils se voient de plus en plus, ils vont faire l'amour, .... Ah stop ! Alors qu'on se dit que le livre va tourner Fifty Shades Of Grey, débarque Megan, "la Salope"(ce terme n'est pas de moi mais de l'auteur). Voilà. C'est le plus gros rebondissement de cette histoire, c'est un peu l'apogée du roman, c'est tellement ... plat. Et que cette fameuse ex menace Diane si elle ne repart pas en France, (les Irlandais ils sont colère !), et que Edward tombe un peu dans le panneau, et que en fait non, et que en fait il préfère Diane parce que c'est terminé avec Megan. Maintenant que le danger est passé, Diane et Edward pourront-ils vivre heureux pour toujours ????? Bah, quand même Diane se rappelle qu'elle a une vie à Paris, genre un petit café à faire tourner et puis surtout qu'elle est toujours amoureuse de son mari mort et par conséquent, elle ne peut pas être avec Edward "C'est trop tôt"(C'était pas trop tôt plus haut alors qu'ils allaient coucher ensemble) . Le deuil revient alors sur le devant de la scène ! Diane rentre en France, elle reprend en main son café. La voilà ready pour vivre à nouveau.


Au delà de cette histoire digne d'une fanfiction d'adolescente, on ne trouve dans ce livre que des clichés : le meilleur ami gay est une caricature, sans déconner, les personnages secondaires sont pratiquement inutiles, Diane est une caricature de la parisienne branchouille qui s'étonne de voir un barman souriant ! En Irlande on boit on boit .... oui ! de la Guinness ! Et la "méchante" de cette histoire est ridicule à en pleurer. Rien ne va malheureusement. Le pire dans tout ça c'est que cela va être adapté au cinéma. Ah non. Le pire, c'est qu'il y a une suite.

Edenal
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le 12 août 2016

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