Par sa construction, plutôt alambiquée, ses grandes nuances psychologiques, en ne faisant pas de cadeau à ses personnages et enfin ses thématiques et son intellectualisme, Les innocents et les autres est un roman furieusement américain. Très brillant, quasi conceptuel et un peu enivré de sa propre virtuosité. Dana Spiotta ne cesse de vouloir surprendre son lecteur au détour de chaque début de chapitre, défaisant la chronologie et évoluant d'un personnage à l'autre, ils sont principalement trois et féminins. L'un des grands sujets est celui de la création, en l'occurrence cinématographique avec la question de l'investissement que l'on est prêt (e) à y mettre, quel que soit le prix à payer. Sans compter, dans le cas de documentaires, les éventuels dégâts collatéraux.
Les trois héroïnes de Les innocents et les autres sont chacune à leur façon dysfonctionnelles. Se pose aussi le problème de la responsabilité dans leur travail ou leur vie tout court. Et celui du respect aux autres qui prend une toute autre dimension quand il s'agit d'une amitié au long cours. Bref, il s'agit d'un roman très riche, déstabilisant parfois mais incroyablement maîtrisé, trop sans doute dans le sens où il peut apparaître peu spontané, voire même manipulateur. Les cinéphiles, en tous cas, seront aux anges avec une multitude de références que l'on sent le fruit de choix sincères et très pointus.

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le 22 mars 2019

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