Inconnu en France, jusqu'à la parution début 2019 de Les outrages, le romancier danois Kaspar Colling Nielsen nous est présenté comme le "Houellebecq scandinave." C'est en partie vrai pour la radicalité du propos, le goût de la provocation, la permanence du cynisme et un humour franchement noir. Et aussi un style assez simple mais brillant au service d'une architecture narrative extrêmement pensée et efficace. Il s'agit d'une dystopie, un genre que semble affectionner l'auteur (parmi ses romans inédits figure un titre prometteur : La guerre civile danois 2018-2024). En vrac, dans Les outrages, il y a la description d'un bout de terre au Mozambique où les danois envoient leurs réfugiés et autres indésirables mais aussi un lieu au sud de Copenhague où l'élite intellectuelle, scientifique et artistique s'est regroupée progressivement. Il y a des drones omniprésents qui simplifient la vie des humains, des animaux sur lesquels sont menées des expériences et qui parlent, pour certains d'entre eux (le dialogue entre une pie et un chien dans un avenir plus ou moins proche sert de fil conducteur au livre). 4 personnages ont le premier rôle, un galeriste, sa femme scientifique, leur fille qui cherche un sens à sa vie et un peintre qui ne peut travailler s'il n'a pas sa dose de sexe. Ce qui nous vaut un assez grand nombre de scènes qu'on ne peut qualifier autrement que de pornographiques et qui feraient passer Houellebecq pour un écrivain pudibond. Les outrages est un roman d'anticipation mais assez crédible du point de vue des avancées scientifiques et de l'évolution des relations sociales dans un meilleur des mondes assez terrifiant où l'agrégation des égoïsmes fait fonctionner la communauté humaine. En privilégiant les plus nantis sans qu'aucune espèce d'éthique n'ait le droit de s'exprimer. Malgré ses fulgurances, le livre laisse pourtant une impression mitigée. Peut-être à cause de son pessimisme angoissant ?

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le 24 janv. 2019

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