Serge Mestre veut rendre hommage à son père, victime de la guerre espagnole. Seulement, de son père et de cette période, il ne sait pas grand chose. Nous non plus. Cette option étant effacée, reste la tournure littéraire de traiter le vide et l'absence, le silence. Serge Mestre s'en donne l'ambition : il écrit en note liminaire à la réédition aux éditions Sabine Wespieser "Pour le dire à la manière de Roland Barthès : lire, c'est d'une certaine façon écrire. Et se relire, c'est tout naturellement réécrire. Je savais cependant ne rien pouvoir ajouter à l'histoire de Manu, qui demeura à jamais un mystère jonché de trous, balisé de mots tus, [...]. Ainsi, je me suis employé à ratisser le texte : à la fois à le polir comme tous les petits matins d'été on le fait, en bord de mer, avec les plages, et à la fois à le fouiller systématiquement [...]". Mais là encore, le style n'y est pas et le vide reste vide, le monotone monotone.
S'égrènent alors une petite centaine de pages, alternant souvent le quotidien et les réflexions du garçon avec l'histoire de Manu; c'est-à-dire additionnant du peu au pas grand chose. En ressort un récit plat où le narrateur n'arrive pas à instiller l'absence et le silence dans le récit de fond. Certainement par manque de substance initiale, ce qui me laisse croire qu'au final un essai sur le vide aurait été plus bénéfique.