Les Temps sauvages
6.6
Les Temps sauvages

livre de Ian Manook (2015)

L’inspecteur Oyun est appelé à cause d’un cadavre gelé.

Yeruldegger a été arrêté et il est accusé du meurtre d’une prostituée. Que lui veut-on, qui est derrière tout ça ?

Les morts semblent tomber du ciel ou comment peuvent-ils brûler de cette façon ?

L’enquête ou les enquêtes nous emmènent en Mongolie, en Russie mais aussi en France car un véritable trafic est dévoilé, de plus Yeruldegger devra faire face à un revenant.

Alors là, j’ai été vraiment scotchée. Cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivée sur un polar-thriller.

Quand les copines ont su que je lisais ce roman et cet auteur, elles ont été très enthousiastes. D’ailleurs, elles m’ont conseillé de lire son premier roman avant. Mais devant rendre ma critique dans les temps, son achat est prévu et la relecture de celui-ci également. Car pour bien comprendre les personnages, le lecteur doit faire connaissance avec le premier roman. Lorsqu’il y a des personnages récurrents, qu’ils sont fidèles à l’auteur, il vaut mieux connaître tout d’eux dès le départ. Tout cela a fait que, même si j’avais déjà bien entamé le roman, j’ai été confortée dans mon idée, ma première impression.

Cet auteur est un génie. Le roman est fort et puissant. La plume est acérée et ne laisse place à aucun faux-semblant que ce soit les régimes politiques, les caractères, la vie de chacun, comment ils se débrouillent pour tenter de vivre. D’ailleurs, dans le fond, et sans aucun plagiat, tout cela m’a fait penser à un autre auteur que j’avais découvert, Caryl Ferey. Car c’est brut, sans état d’âme. Ames sensibles ayant peur de la violence pure, s’abstenir !

Les actes les plus cruels se marient avec les paysages grandioses de la Mongolie, où l’humain n’a pas encore posé sa patte. Des paysages arides aux grandes étendues de neige et de glace, des paysages où les montagnes et les forêts dominent, où les animaux ont encore leur place. D’ailleurs, la séquence avec les loups m’a réellement enchanté.

Nous faisons connaissance avec les personnages, Yeruldegger, Oyun, Solongo, Zarza. Nous apprenons leurs travers, ce qui les motive et surtout ce qui leur est arrivé auparavant. C’est pour cela que je dois lire le premier roman car tout est bien expliqué. Ces personnes souffrent d’une manière ou d’une autre, et ce n’est pas une petite souffrance. Je me suis attachée à tous ces personnages et également d’autres qui parsèment le roman. Je ne les citerai pas tous, mais ils jouent chacun un rôle très important. Il leur arrive à tous de nombreuses aventures. Mais ils arrivent à faire face.

Nous avons tous les ingrédients du très bon polar. Des morts, des tentatives de meurtres, des enlèvements, des pourris, de bons flics qui travaillent selon leurs méthodes, les services secrets, les trafics, la corruption…C’est dense mais tellement bien amené.

J’ai eu froid, j’ai eu faim (les plats présentés et servis avaient l’air excellents même si trop gras). L’auteur nous dévoile ces populations dans la misère qui tentent de survivre dans des villes grisâtres, polluées, qui n’ont pas encore digéré l’ère soviétique avec ses vieux appareils, ses villes constuites. Le pays tente d’aller de l’avant mais tout rappelle le géant d’à côté. Les populations ont toujours le souci de l’autre quitte à ne pas manger. Le but des jeunes est de partir à l’étranger pour fuir toute cette misère. On dirait une population en deuil. D’ailleurs, la Mongolie ne risque-t-elle pas d’être mangée par les Chinois maintenant ? La religion est également assez présente et j’aimerais que, plus tard, Ian Manook nous en dise plus à ce sujet. Car même si je ne suis pas fana de religion, j’aime comprendre ces coutumes ancestrales, en partie décrites, surtout ce Septième Monastère. Les références littéraires françaises sont nombreuses et pas des moindres, Hugo, Baudelaire, ce qui nous donne des personnages instruits.

Yeruldegger semble avoir pété les plombs, il agit seul, néglige ses enquêtes et se comporte comme un véritable tyran. Il n’a pas peur de mourir. C’est de la vengeance à l’état pur. Mais il veut que la vérité soit mise à jour, quitte à ce que ce soit violent. Il est conscient de tout ça et est désabusé. Mais il a vu tellement de misère humaine, les gens changer qu’il semble revenu de tout. Il a l’impression que son métier ne sert plus à grand chose. Et surtout, il y a toujours cette histoire de vengeance.

Ce roman est un réel coup de coeur. Je commence vraiment bien l’année. Les autres auteurs n’ont qu’à bien se tenir, maintenant. Je ne suis pas pour donner une note maximale, mais là, je ne peux vraiment pas faire autrement.

Ce roman a été lu dans le cadre d’une #massecritique de Babelio.
Angélita
10
Écrit par

Créée

le 7 févr. 2015

Critique lue 406 fois

Angélita

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