Les Veilleurs
6.6
Les Veilleurs

livre de Vincent Message (2009)

Les veilleurs est un roman hybride. Le lecteur résolument fidèle au genre policier, fantastique ou science-fiction ne trouvera vraisemblablement pas ses désirs comblés s'il ne souhaite découvrir qu'un monde purement étranger à la réalité (SF/fantastique) ou une enquête policière digne de ce nom.

Cette fiction mélange les genres énergiquement. On y trouve les ingrédients précités mais surtout une large part décernée à la psychologie et à la philosophie. Vincent Message distille en effet une bonne dose de réflexions sur l'homme, la société, la vie, la folie, et même sur l'écologie.

Roman à trois voix (prennent tour à tour le rôle de narrateur Nexus, Rilviero et Traumfreund), Les Veilleurs demande un certain temps pour qu'on en comprenne le « fonctionnement », mais l'immersion demeure facilitée dès le début de la seconde partie du livre où se met à s'exprimer notre assassin.

Pour moi, l'envolée s'est annoncée réjouissante, les rêves de Nexus m'ont d'emblée captivée et les idées disséminées çà et là sur la nature humaine ont suscité mon intérêt au point que mon carnet de citations s'est vu noircir en très peu de temps.

Hélas, vers les pages 400, le récit a commencé à se soustraire à mon attention...

Durant 500 pages, Nexus relate ses rêves. Rêves où les dialogues critiques et contemplatifs prennent quelquefois largement le dessus sur l'aventure elle-même, ce qui a tout doucement eu propension à me fatiguer parce qu'ils demandaient une concentration pas seulement continue mais toujours plus soutenue. En effet, j'ai craint à plusieurs reprises de me voir noyée par les délires philosophiques des intervenants des rêves de Nexus ; mais aussi de Traumfreund et Rilviero. Trop bavard et cérébral, ce livre a parfois provoqué en moi impatience et agacement.

Aux moments, heureusement sporadiques, où j'ai éprouvé de l'ennui en lisant Les veilleurs, j'ai songé que seule perdurait l'envie de savoir si Oscar Nexus fabulait ou s'il rapportait la vérité... Et encore ! Ma motivation à poursuivre – ou plutôt à ne pas abandonner ce livre – a en vérité subsisté de par l'effort que j'avais déjà accompli en ayant avalé plus de la moitié du bouquin (la version poche des Veilleurs compte 760 pages).

Malgré tout, de belles réflexions, intelligemment formulées, continuent d'être semées à divers endroits et permettent aux personnages des Veilleurs de se laisser suivre, eux et leur cheminement personnel, avec un certain plaisir.

Au cours de ma lecture, j'ai songé de nombreuses fois que l'auteur, à peine plus âgé que moi (il a 27 ans), avait ma pleine admiration d'être parvenu à écrire un roman aussi dense et intelligent. Néanmoins, l'ouvrage comporte à mes yeux quelques maladresses : ce que j'ai compris de la fin de l'histoire m'a paru nébuleux. Je ne sais pas dire si c'est moi qui n'ai pas tout compris, ou si c'est l'auteur qui n'a pas toujours été cohérent. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas tant de voir le doute perdurer, qui m'a ennuyée, mais bien le fait de relire – après avoir achevé ce roman – des bribes qui semblent insinuer tantôt blanc, tantôt noir...
Des interrogations persistent...

En définitive, je retiens de ce roman ses savants côtés qui lui auront valu et mon assentiment, et ma résistance. Je serai aussi curieuse de connaître l'évolution de la production de cet auteur, et suivrai probablement d'assez près les avis du public, sur ses romans à venir.
... Parce qu'il y a du potentiel, quand même ! :)
Reka
6
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le 16 janv. 2011

Critique lue 405 fois

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Reka

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